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Le déluge s’abat sur Lille

Lille
Opéra
01/12/2018 -  et 2* décembre 2018 (Lille), 20 (Rotterdam), 29 (Dijon), 30 (Carouge) mai, 4 juin (Versailles) 2019
Michelangelo Falvetti: Il diluvio universale
Valerio Contaldo (Noé), Mariana Flores (Rad), Matteo Bellotto (Dieu), Fabián Schofrin (La Mort), Lucia Martín-Cartón (La Nature humaine, L’Air), Julie Roset (L’Eau), Sergio Ladu (Le Feu), Thibaut Lenaerts (La Terre), Evelyn Ramirez Munoz (La Justice divine), Jérôme Vavasseur (contre-ténor)
Chœur de chambre de Namur, Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón (direction)


L. García Alarcón (© Vincent Arbelet)


Depuis plusieurs années, Leonardo García Alarcón s’engage dans la redécouverte de Michelangelo Falvetti (1642-1742). Le chef argentin exécute ainsi un peu partout Nabucco depuis son exhumation en 2012 (voir ici et ici) ainsi que Le Déluge universel, deux pièces d’envergure documentées désormais au disque. Le voici, cette fois, à Lille pour interpréter cet oratorio avec l’ensemble qu’il a fondé en 2005, la Cappella Mediterranea, et le Chœur de chambre de Namur, dont il assure la direction depuis 2010.


Cette œuvre en quatre parties relate le récit de Noé qui échappe au déluge dans une arche. Grâce au niveau élevé et à l’implication totale des interprètes, nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une partition de premier ordre valant la peine d’être connue. Et comme cet argument évoque quelque chose à presque tout le monde, il n’est pas étonnant que la salle soit remplie, même si la plupart des spectateurs n’avaient probablement jamais entendu parler de ce compositeur d’origine calabraise.


La rigueur musicologique et la direction passionnée de Leonardo García Alarcón contribuent à rendre cette musique éloquente et vivante. Le concert bénéficie d’ailleurs d’une mise en place bien pensée et de lumières chaleureuses et variées, ce qui change de ces prestations traditionnelles où tous les interprètes semblent figés devant leur pupitre. Ici, rien de tel, et le contre-ténor Fabián Schofrin, maquillé de blanc, va même jusqu’à se déguiser en faucheuse, dans un numéro théâtral décalé. La sonorité de l’orchestre se révèle savoureuse, notamment grâce à Keyvan Chemirani, qui joue des instruments d’origine persane – le programme de salle ne délivre malheureusement aucune information à ce sujet et très peu d’éclairages sur l’œuvre. Relayé par un chœur réputé à juste titre dans la musique ancienne, l’ensemble se montre tout aussi capable de vigueur que de subtilité, le chef veillant à ne pas trop accentuer le trait, tout en conservant une ligne directrice claire. Cette exécution décantée atteste d’une appropriation totale et approfondie de cette œuvre. Nous nous laissons ainsi envoûter, même sans posséder de connaissance particulière de ce répertoire ancien.


Les voix captivent à peu près toutes. Les chanteurs masculins s’illustrent par la beauté du timbre et la tenue de la ligne – le Noé de Valerio Contaldo, un peu trop en retrait, le Dieu de Matteo Bellotto, parfait de prestance et d’autorité – mais les voix féminines ravissent davantage. Celle de Mariana Flores, soprano chevronnée dans ce répertoire, épouse très naturellement le style de cette musique, tandis que celle, corsée, d’Evelyn Ramirez Munoz témoigne, par sa nature, d’une longue expérience à l’opéra. Il faut aussi saluer les réjouissantes prestations de Julie Roset et de Lucia Martín-Cartón, dont les voix délicates et pleines d’assurance se mêlent harmonieusement. Pour remercier le public, et probablement aussi pour porter le concert à une durée raisonnable, les interprètes se plient à l’exercice du bis, mais le second, «Tutto nel mondo è burla», la conclusion du Falstaff de Verdi, paraît vraiment incongru dans ce contexte en regard du grand moment de grâce et d’authenticité offert auparavant. A moins que ce ne soit pour rappeler non sans humour que Verdi est aussi l’auteur d’un Nabucco.


Le site de la Cappella Mediterranea



Sébastien Foucart

 

 

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