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Un Boris allant droit à l’essentiel

Geneva
Opéra des Nations
10/28/2018 -  et 3, 7*, 9, 11, 13, 14, 15 novembre 2018
Modeste Moussorgski : Boris Godounov
Mikhail Petrenko*/Alexey Tikhomirov (Boris Godounov), Melody Louledjian (Xenia), Marina Viotti (Fiodor), Serghej Khomov (Grigori), Vitalij Kowaljow (Pimène), Andreas Conrad (Prince Vassili Chouïski), Roman Burdenko (Andreï Chtchelkalov), Alexey Tikhomirov*/Oleg Budaratskiy (Varlaam), Andrei Zorin (Missaïl), Mariana Vassileva-Chaveeva (L’Aubergiste), Victoria Martynenko (La Nourrice), Boris Stepanov (L’Innocent), Harry Draganov (Mitioukha), Rémi Garin (Un boyard), Oleg Budaratskiy*/Aleksandar Chaveev (Nikititch, Un officier de police)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Alan Woodbridge (préparation), Maîtrise du Conservatoire populaire de musique, danse et théâtre, Magali Dami, Fruzsina Szuromi (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Paolo Arrivabeni (direction musicale)
Matthias Hartmann (mise en scène), Olga Poliakova (assistante à la mise en scène), Volker Hintermeier (décors), Malte Lübben (costumes), Peter Bandl (lumières)


(© GTG/Carole Parodi)


L’image qui restera de la nouvelle production de Boris Godounov actuellement à l’affiche de l’Opéra des Nations de Genève est la dernière scène du chef-d’œuvre de Moussorgski : le tsar, à terre, agonise dans les bras de son fils ; avant même qu’il ait fermé définitivement les yeux, la foule se presse pour lui lancer des fleurs ou des mottes de terre, comme si elle voulait enterrer et oublier au plus vite un souverain tellement haï. Une image qui marquera durablement les esprits. Dans un décor sombre composé de plusieurs échafaudages métalliques et d’un grand escalier délimitant les différents lieux de l’action, le metteur en scène Matthias Hartmann a conçu un spectacle sobre et austère, allant droit à l’essentiel. Un spectacle intemporel aussi, avec des costumes et des accessoires évoquant aussi bien le passé (les habits des moines, les fastes des attributs du pouvoir) que le présent (les treillis militaires ou l’étoile soviétique). Comme c’est l’habitude à Genève, c’est la version originale de 1869 avec sept tableaux qui est présentée, c’est-à-dire sans l’acte polonais, rajouté trois ans plus tard. Cette version, qui se concentre sur le personnage de Boris et ses tourments intérieurs, est plus intimiste que l’orchestration de Rimsky-Korsakov, brillante et fastueuse. La mise en scène est donc parfaitement en adéquation avec la musique.


La partie vocale du spectacle est tout aussi convaincante et enthousiasmante. Avec son timbre plutôt clair, Mikhail Petrenko incarne un Boris profondément humain et émouvant, triste et mélancolique, accaparé par ses remords, loin du souverain hautain et brutal auquel on associe traditionnellement le personnage. On retiendra aussi le magnifique Pimène de Vitalij Kowaljow, à la voix majestueuse et au legato exemplaire. Le Varlam d’Alexey Tikhomirov ne lui cède en rien, avec son timbre sépulcral et son intensité dramatique. Serghej Khomov campe un Grigori particulièrement ambitieux et rusé, alors que Boris Stepanov est un Innocent terriblement touchant. Marina Viotti fait forte impression en Fiodor, avec sa voix chaude et corsée, tandis que Melody Louledjian interprète une Xenia triste et résignée. Le Chœur du Grand Théâtre de Genève mérite tous les éloges, de même que l’Orchestre de la Suisse Romande, sous la baguette précise et inspirée de Paolo Arrivabeni, qui réussit à maintenir la tension dramatique plus de deux heures durant, sans aucune interruption. Seul bémol : chœur et orchestre atteignent parfois les limites sonores de la salle intimiste de l’Opéra des Nations.



Claudio Poloni

 

 

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