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L’Elixir d’amour selon Laurent Pelly, encore et toujours

Paris
Opéra Bastille
10/25/2018 -  et 30 octobre, 1er*, 4, 7, 10, 13, 16, 19, 22, 25 novembre 2018
Gaetano Donizetti : L’elisir d’amore
Lisette Oropesa*/Valentina Nafornită (Adina), Vittorio Grigolo*/Paolo Fanale (Nemorino), Etienne Dupuis (Belcore), Gabriele Viviani (Il dottor Dulcamara), Adriana Gonzalez (Giannetta)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Alessandro Di Stefano (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Giacomo Sagripanti (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène et costumes), Chantal Thomas (décors), Joël Adam (lumières), Agathe Mélinand (dramaturgie et collaboration à la mise en scène)


(© Guergana Damianova/Opéra national de Paris)


Les meules de foin, la trattoria, la campagne italienne qu’on parcourt à vélo ou à vespa... voici, de nouveau, L’Elixir d’amour concocté par Laurent Pelly pour Bastille. Douze après (voir ici, ici, ici, ici et ici), le charme opère toujours: il y a ici du rythme, du comique, mais sans outrance, de l’émotion aussi. Production colorée, qui mêle références au cinéma italien alla Vittorio de Sica et relents de comédie musicale, surtout du côté d’un chœur fort bien dirigé, avec des clins d’œil facétieux.


Tout cela ne trouve que partiellement son écho dans la musique et le chant. Meilleur que dans La Traviata, Giacomo Sagripanti est plein de vie mais pas très subtil, qu’il s’agisse de raffiner les couleurs ou de diversifier les atmosphères – le célèbre «Una furtiva lagrima» sonne assez plat. Lisette Oropesa avait ébloui en reine Marguerite des Huguenots. Son Adina ne manque ni d’abattage ni de sentiment, coquette puis éprise; elle a des aigus ravissants, qu’elle peut émettre pianissimo, une voix dont tous les registres se projettent même si le rôle appellerait une tessiture plus centrale. Cette voix trahit néanmoins ici un peu d’acidité là où on la voudrait plus ronde, on attendrait aussi un art des colorations plus approfondi, plus belcantiste en un mot, davantage de nuances, une caractérisation plus poussée également.


Il n’empêche: c’est une assez belle Adina, au «Prendi, prendi, per me sei libero» séducteur, bien mal appariée au Nemorino de Vittorio Grigolo, nullement belcantiste pour le coup. Il beau avoir du soleil dans la voix, faire le pitre avec brio, ce chant généreux mais perpétuellement en force fait fi des exigences stylistiques du rôle, offrant une «Furtiva lagrima» sans vrai cantabile, où il ne nuance qu’en détimbrant – tout cela, d’ailleurs, ne nuit en rien à son triomphe. Les clés de fa sont vocalement beaucoup plus orthodoxes, qui jamais ne débraillent leur chant, à commencer par le Dulcamara de Gabriele Viviani, charlatan haut en couleur, drôle mais pas grotesque – lui fait seulement défaut un grave plus soutenu. Etienne Dupuis tient aussi la bride à ses phrasés en militaire hâbleur, quitte à manquer un peu de mordant et de panache dans son air d’entrée, desservi surtout par l’acoustique du grand vaisseau de Bastille, où sa voix a tendance à se perdre – Garnier lui conviendrait mieux... et conviendrait mieux, d’ailleurs, à l’œuvre en général.


N’oublions pas la très prometteuse Adriana Gonzalez, une ancienne de l’Atelier lyrique: sa Giannetta se remarque... demain, peut-être, une Adina? N’oublions pas non plus le chœur, excellent ce soir-là.



Didier van Moere

 

 

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