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Surfait

La Roque
Parc du château de Florans
08/12/2018 -  et 26 septembre (Hong Kong), 4 (Barcelona), 17 (Milano), 19 (Alicante), 25 (Ann Arbor), 28 (New York), 30 (San Francisco) octobre, 18 (München), 20 (Düsseldorf), 22 (Hamburg), 24 (Luzern), 26 (Wien), 28 (Frankfurt) novembre, 1er (Aix-en-Provence), 3 (Amsterdam), 5 (Dublin), 7 (London) décembre 2017, 15 janvier (Paris), 1er (Toronto), 12 (Genève) février, 31 juillet (Verbier), 3 (Gstaad), 14 (Salzburg), 22 (København), 24 (Kiel) août 2018
Frederic Mompou : Variations sur un thème de Chopin
Robert Schumann : Carnaval, opus 9: 12. «Chopin»
Edvard Grieg : Stimmungen, opus 73: 5. Etude (Hommage à Chopin)
Samuel Barber : Nocturne (Hommage à John Field), opus 33
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Dix-huit Morceaux, opus 72: 15. «Un poco di Chopin»
Serge Rachmaninov : Variations sur un thème de Chopin, opus 22
Frédéric Chopin : Sonate pour piano n° 2, opus 35

Daniil Trifonov (piano)




Du clavier à profusion: la recette de René Martin à La Roque-d’Anthéron n’a pas changé. Du 20 juillet au 18 août, au parc de Florans et dans les habituels sites plus ou moins proches (notamment le cloître de l’abbaye de Silvacane, le musée Granet à Aix-en-Provence, le Théâtre des Terrasses de Gordes, les anciennes carrières de Rognes ou l’église de Lambesc), la liste des musiciens – et pas seulement des pianistes (et clavecinistes ou organistes) – invités, dans tous les genres (du baroque au jazz) pour cette trente-huitième édition donne, une fois de plus, le vertige: Angelich, Berezovsky, Capuçon, Chamayou, Cuiller, Dalberto, Debargue, El Bacha, Freire, Goerner, Guy, Hamelin, Hantaï, Kremer, Laloum, Latry, Lugansky, Matsuev, Mehldau, Pennetier, Pires, Queffélec, Rondeau, Sempé, Trifonov, Trotignon, Vogt, Volodos, le TrioWanderer, le Quatuor Prazák... A noter plus particulièrement cette année, le juste hommage rendu le 7 août dernier à Rena Cherechevskaïa par quelques-uns de ses élèves qui se sont fait un nom ces derniers temps, Lucas Debargue, Rémi Geniet, Maroussia Gentet et Dmitry Sin.



D. Trifonov (© Christophe Grémiot)


Daniil Trifonov présente le programme qu’il étrenne avec quelques variantes depuis cet automne de par le monde, reprenant celui de son double album «Chopin Evocations» récemment paru chez Deutsche Grammophon. Ce sont, en première partie, des compositeurs inspirés par Chopin, principalement deux cycles de variations sur l’un des Préludes de l’Opus 28: les douze Variations (1938/1957) de Mompou sur le Septième (en la majeur) et les vingt-deux Variations (1903) de Rachmaninov sur le Vingtième (en ut mineur). La dixième variation de Mompou est d’ailleurs intitulée «Evocation» (comme le disque du pianiste russe), citant le thème central de la Fantaisie-Impromptu (ainsi que la Sixième Chanson et Danse du compositeur catalan). Entre ces deux recueils, Trifonov insère des pièces beaucoup plus brèves tirées de Carnaval (1835) de Schumann («Chopin»), des Stimmungen (1905) de Grieg («Etude (Hommage à Chopin)») et des Dix-huit Morceaux (1892) de Tchaïkovski («Un poco di Chopin») ainsi que le Nocturne (Hommage à John Field) (1959) de Barber: on reconnaîtra sans peine valse, mazurka, étude ou nocturne, tant chacun s’est ingénié à imiter ces différents genres illustrés par Chopin – sauf Schumann, qui, de manière beaucoup moins anecdotique, capte l’esprit davantage que la lettre. En revanche, contrairement à l’option qu’il avait retenue à Verbier deux semaines plus tôt, Trifonov n’a pas allongé outre mesure la première partie avec les propres Variations de Chopin sur «Là ci darem la mano».


La démonstration est probante: non seulement le concept est intéressant et le choix d’œuvres (relativement) rares mérite d’être salué, mais l’interprétation ne manque pas d’atouts: technique époustouflante (en particulier dans les deux cycles de variations), grande clarté dans l’étagement des différentes voix. Cela étant, dans Mompou, il faut faire son deuil de l’humour ou de l’ironie façon Satie ou groupe des Six et, plus généralement, s’accommoder d’une certaine raideur, voire d’une certaine sécheresse.


En seconde partie, passage de la petite forme à la grande forme, avec la seule Deuxième Sonate (1839) de Chopin. Trifonov impose d’emblée un parti pris de lenteur mais aussi de maniérisme, ralentissant par moments encore plus le tempo, comme dans le second thème de l’Agitato (au demeurant bien peu agité). Privilégiant une rhétorique artificielle et contrainte sur le chant, l’épanouissement et le flux romantique, cette approche mortifère culmine, si l’on ose dire, dans une «Marche funèbre», certes marquée Lento, mais étirée et inexpressive jusqu’à l’absurde, sertie dans un effet à la «Bydlo» de crescendo du début jusqu’à la partie centrale – marquée par un refus obstiné du lyrisme ou même du phrasé – puis de diminuendo jusqu’à la fin. D’une aisance digitale certes confondante, le Finale ne console guère pour autant, avec ses dernières mesures surjouées, de nouveau avec force atermoiements et silences. Introspection ne signifie pas narcissisme: Sokolov ou Volodos, pour en rester à des Russes, s’ils aspirent eux aussi à emmener très loin le public avec eux, vont au-delà de la surface des choses et des procédés artificiels.


Les spectateurs, venus très nombreux, ne semblent pas être restés sur le bord de ce chemin radical et réservent une ovation debout au pianiste. Les bis – l’arrangement par Alfred Cortot du Largo de la Sonate pour violoncelle et piano (1846), glacial et surarticulé, et la Fantaisie-Impromptu (1834) que citait Mompou, avec un phrasé pour le moins atypique dans la section centrale – confortent les uns et les autres dans l’appréciation qu’ils ont pu avoir de cette prestation.


Le site du Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron
Le site de Daniil Trifonov



Simon Corley

 

 

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