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Wunderbar!

Bad Wildbad
Königliches Kurtheater
07/14/2018 -  et 20*, 27 juillet 2018
Gioachino Rossini: La cambiale di matrimonio
Matija Meic (Tobia Mill), Eleonora Bellocci (Fanni), Xiang Xu (Edoardo Milfort), Roberto Maietta (Slook), Javier Povedano (Norton), Maria Rita Combattelli (Clarina)
Gianluca Ascheri (pianoforte), Virtuosi Brunenses, Jacopo Brusa (direction)
Lorenzo Regazzo (mise en scène, décor), Claudia Möbius (costumes), Oliver Porst (lumières)


(© Patrick Pfeiffer)


Bad Wildbad? Une petite station thermale en Forêt noire dévouée à Rossini grâce à son festival, le deuxième plus important, après Pesaro, dédié au compositeur. La manifestation, qui a trente ans cette année, alors que le maître est disparu il y a cent cinquante ans, permet de découvrir de jeunes chanteurs spécialisés dans ce répertoire. Certains sont devenus de véritables références en la matière, comme Laurence Brownlee, Kenneth Tarver, Marianna Pizzolato ou John Osborne – le regretté Alberto Zedda y dirigeait régulièrement. Les représentations se tiennent pour la plupart à deux endroits, le Königliches Kurtheater, petit théâtre à l’acoustique admirable et aux dimensions parfaites pour les ouvrages comiques, et le Trinkhalle, de taille plus importante. Cette édition, du 12 au 29 juillet, comporte trois opéras montés, L’equivoco stravagante, La cambiale di matrimonio et Moïse et Pharaon, un opéra en version de concert, Zelmira, ainsi qu’une série de concerts, quelques uns gratuits.


Ce festival jouit donc d’une excellente réputation, comme le prouve cette réjouissante production de La cambiale di matrimonio (1810), quasiment exempte de défaut. Dans une distribution en état de grâce, tous partagent les mêmes scrupules stylistiques, en termes de phrasé, d’intonation et de virtuosité. Bien qu’un véritable esprit de troupe se manifeste, de belles et solides individualités émergent, comme Matija Meic qui campe un savoureux Tobia Mill, personnage empoté, mal à l’aise dans sa tenue de sport, mais vocalement agile. Eleonora Bellocci, par sa sensibilité, parcourt avec conviction l’évolution psychologique du personnage de Fanni, auquel la soprano prête sa voix légère mais ferme.


Autre pépite, l’excellent Roberto Maietta incarne avec un art maîtrisé de la bouffonnerie un irrésistible Slook, costumé tantôt en cow-boy, tantôt en docteur en psychiatrie. Le baryton révèle un potentiel comique considérable, notamment par ses savoureuses mimiques, et de réelles capacités vocales. Cette formidable prestation n’occulte pas la Clarina de Maria Rita Combattelli, soubrette sexy. Admirablement secondée par le fort bon Javier Povedano en Norton, cette soprano à la plastique avantageuse dégage beaucoup de charme, en plus d’accomplir de remarquables prouesses, en particulier dans son grand air du strip-tease, qui ne se prolonge malheureusement pas jusqu’au bout. Le rôle d’Edoardo Milfort ne valorise pas entièrement le timbre et le talent de Xiang Xu, mais ce ténor aux moyens enviables se glisse sans gaucherie dans l’ensemble.


Dans le décor unique et assez rudimentaire qu’il a lui-même conçu, Lorenzo Regazzo, par ailleurs chanteur rossinien de renom, se charge de la mise en scène, une première pour lui, tout en jouant le personnage d’un régisseur excentrique et maladroit puisant son inspiration dans un manuel plus grand que nature – belle autodérision. «Wunderbar», ainsi commente-t-il à plusieurs reprises, tel un running gag, la prestation des chanteurs, qui, exaspérés, menacent de se débarrasser de l’incompétent qui confond La cambiale di matrimonio avec La scala di seta. Les idées, le plus souvent excellentes, défilent avec esprit, sans outrepasser les limites du bon goût, grâce à un mélange subtil et probant de toutes les caractéristiques propres au genre, le déguisement, le masque, les parodies – celle de Maria Callas, excellente, photographies de la diva à l’appui. Dans cette farce réglée au millimètre et avec une revigorante fraîcheur, un enthousiasme communicatif parcourt le plateau où chacun accomplit sa tâche au mieux.


Ajustant parfaitement la dynamique et les tempi, Jacopo Brusa, disciple d’Antonino Fogliano, dirige un orchestre tout de vivacité et de précision. Les pupitres, en particuliers ceux des cordes, sveltes et ciselées, délivrent constamment d’agréables sonorités, tandis qu’au Tafelklavier, Gianluca Ascheri commente les récitatifs avec humour, en ponctuant ses plaisantes interventions de références musicales – Macbeth de Verdi, à un moment. Le niveau de ce spectacle témoigne d’une somme considérable de travail et de talent et rassure quant à l’engagement de la génération montante en faveur de ce répertoire particulièrement exigeant.


Le site de Rossini in Wildbad



Sébastien Foucart

 

 

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