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Vent nouveau sur les Chorégies

Orange
Théâtre antique
07/05/2018 -  et 9* juillet 2018
Arrigo Boito : Mefistofele
Erwin Schrott (Mefistofele), Jean-François Borras (Faust), Béatrice Uria-Monzon (Margherita, Elena), Marie-Ange Todorovitch (Marta), Reinaldo Macias (Wagner, Nereo), Valentine Lemercier (Pantalis)
Chœurs des Opéras d'Avignon, Monte-Carlo et Nice, Chœur d’enfants de l’Académie Rainier III de Monaco, Stefano Visconti (coordination des chœurs), Orchestre philharmonique de Radio-France, Nathalie Stutzmann (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Rudy Sabounghi (décors), Buki Shiff (costumes), Laurent Castaingt (lumières), Julien Soulier (vidéo)


(© Philippe Gromelle)


Un vent nouveau souffle sur les Chorégies d’Orange. L’affiche 2018 comprend en effet Mefistofele de Boito et Le Barbier de Séville de Rossini, deux titres que personne n’aurait imaginé voir au Théâtre antique ces dernières années, tant les Carmen, Aïda et autres Traviata revenaient invariablement. Le nouveau directeur, Jean-Louis Grinda, entend se démarquer de son prédécesseur en proposant une programmation inattendue, faisant la part belle aux chœurs, soit des ouvrages desquels le plus ancien festival de France tire son nom. Le Mefistofele d’Arrigo Boito en fait partie. Pour ces prochaines années, on évoque Guillaume Tell et Samson et Dalila.


Mefistofele a été créé en 1868 à la Scala, dans une version qui durait près de 5 heures. S’il n’a jamais vraiment quitté l’affiche, étant donné que les grandes basses en ont toujours fait leur cheval de bataille, l’opéra n’en demeure pas moins une rareté. Le spectacle présenté à Orange est une reprise d’une production créée à Liège par Jean-Louis Grinda lui-même. Il a ensuite été repris à Montpellier et à Monte-Carlo, avant d’être adapté pour l’immense plateau du Théâtre Antique. En professionnel qu’il est, Jean-Louis Grinda a su admirablement occuper ce vaste espace si particulier. Rien ne manque pour attirer l’œil : des projections sur le mur, des costumes hauts en couleur (scène du carnaval de Pâques), des chanteurs qui défilent sur la passerelle entourant l’orchestre, sans parler de nombreux effets saisissants. On pense notamment aux anges vêtus de blanc disposés sur des structures métalliques noires ou encore à la chute d’Icare, admirablement traitée. On voit même un tapis volant, mais en raison de l’incident survenu lors de la première (les chanteurs ont failli chuter de plusieurs mètres de haut), il s’est élevé dans les airs sans passager pour la deuxième représentation. Bref, cette production ne manque pas de panache.


Et pour ne rien gâcher, la distribution vocale est de haut niveau. S’il n’est peut-être pas le plus maléfique ni le plus démoniaque des Mefisto, Erwin Schrott n’en incarne pas moins avec brio un diable dandy et désinvolte, grand séducteur et sûr de son pouvoir, une cigarette à la bouche et vêtu d’un grand manteau de cuir laissant apparaître son torse. Le chant est percutant et bien projeté. Le Faust de Jean-François Borras séduit par son chant raffiné et son timbre clair, culminant par un émouvant « Giunto sul passo estremo ». Avec son abattage hors du commun, Marie-Ange Todorovitch campe une Marta impayable, habillée en grand bourgeoisie faisant virevolter son sac à main. Seule Béatrice Uria-Monzon déçoit : sa Margherita est chantée tout en force, avec un vibrato particulièrement gênant de surcroît. Mais la déception vient aussi de la fosse. Avec Nathalie Stutzmann, c’est la première fois qu’une femme dirige un opéra au Théâtre Antique. Certes, sa direction est précise, claire et nuancée, avec un souci constant de l’équilibre. Cependant, elle manque de continuité et d’ampleur, la chef donnant l’impression de vouloir trop s’attacher au moindre détail de chaque phrase au lieu de garder la vision d’ensemble de l’œuvre et de son évolution dramatique.


Avec ce Mefistofele, l’ère Grinda a débuté sous les meilleurs auspices à Orange. On attend maintenant avec impatience Le Barbier de Séville.



Claudio Poloni

 

 

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