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Un Freischütz onirique, mais pas encore de rêve

Vienna
Staatsoper
06/11/2018 -  et 14, 17, 20, 25*, 28 juin, 8, 11, 14 septembre 2018
Carl Maria von Weber: Der Freischütz, opus 77, J. 277
Camilla Nylund*/Anna Gabler (Agathe), Daniela Fally/Evelin Novak/Chen Reiss/Ileana Tonca* (Annchen), Alan Held*/Tomasz Konieczny (Caspar), Andreas Schager*/Christopher Ventris (Max), Albert Dohmen*/Falk Struckmann (L’Ermite), Hans Peter Kammerer (Samiel), Adrian Eröd*/Samuel Hasselhorn (Ottokar), Clemens Unterreiner (Cuno), Gabriel Bermúdez (Kilian)
Chor der Wiener Staatsoper, Orchester der Wiener Staatsoper, Tomás Netopil*/Sebastian Weigle (direction musicale)
Christian Räth (mise en scène), Gary McCann (décors et costumes), Thomas Hase (lumières), Nina Dunn (vidéo), Vesna Orlic (chorégraphie)


(© Michael Pöhn)


Il faut parfois savoir s’abandonner aux plaisirs des sens, avec une naïveté quasi enfantine, pour bien apprécier un spectacle; ceux qui viendront avec trop d’attentes ou, devrait-on dire, de préconceptions forgées par les habitudes, ceux-là repartiront déçus. Une vallée des loups représentée par des décors abstraits et symétriques – Max, le tireur malchanceux, transformé ici en compositeur sans inspiration: ceux qui attendaient la Nature, l’opéra germanique et ses chasseurs, n’y trouvent sûrement pas leur compte. Bien heureusement, les grands moyens déployés sur la scène du Staatsoper parviennent (presque toujours) à créer la dimension onirique souhaitée par le metteur en scène, Christian Räth. Les reflets de la silhouette de Max obtenus par le truchement de multiples figurants, apportent à la scène une humanité que de simples miroirs n’auraient pu susciter. L’apparition, suspendue au plafond, de Samiel en vampire maléfique; le ballet d’oiseaux fantasmagoriques; le piano qui prend feu, suivi par le reste de la scène: tout cela crée une véritable atmosphère enfiévrée de film fantastique (Polanski n’est jamais très loin), soulignant avec finesse les inflexions de la musique de Weber. Nous resterons cependant sceptiques sur la tentative, prometteuse en théorie mais imparfaitement aboutie, de transposition de Max en musicien, et noterons la faiblesse de la scène finale, qui nous apporte l’Ermite debout dans un lustre.


Sur le plan musical, le bilan est mitigé: l’orchestre de Tomás Netopil développe une expression sobre, sans artifices, qui intègre intelligemment les traits instrumentaux dans le tissu de la partition et pose l’atmosphère avec efficacité. La récurrence de certaines imprécisions de mise en place et un nivellement des dynamiques et coloris trahissent cependant un manque d’ambition interprétative ou plus fondamentalement de contrôle orchestral, reléguant souvent l’orchestre au second plan. Vocalement, Max (Andreas Schager) campe un excellent héros romantique torturé, au bel canto aisé et intense, mais il convainc moins lorsque l’expression perd en raffinement et tombe dans l’outrancier, notamment dans les scènes d’expression amoureuse. Les mêmes remarques peuvent s’appliquer à Agathe (Camilla Nylund), bien plus touchante dans les passages contemplatifs que dans ceux dominés par la fougue. Pour remplacer Daniella Fally, c’est Ileana Tonca (issue de la troupe de l’opéra) qui au pied levé incarne Annchen: agile de la voix, dynamique dans le jeu de scène, la projection est cependant un peu juste pour assurer une balance entre chanteurs pleinement satisfaisante. Alan Held propose quant à lui un Caspar bien calibré, séduisant et dangereux, à défaut de créer le frisson ultime.


On reste sur un sentiment d’inachevé, la réussite n’étant pas loin, mais les finitions de cette nouvelle production n’atteignant pas le niveau attendu. La représentation ne méritait certes pas ces huées virulentes de l’exigeant public du Staatsoper; voyons-y plutôt des encouragements pour faire mûrir le spectacle et en ajuster les détails.



Dimitri Finker

 

 

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