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Hommage suédois

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/09/2018 -  et 10, 11* juin (Paris), 12, 13, 14 juillet (Monte-Carlo), 2 septembre (Stockholm) 2018

«Dancing with Bergman»

Bengt Wanselius (conception vidéo), Jörgen Jansson (direction technique)
4 Karin
Johan Inger (chorégraphie), Claudio Monteverdi (musique)
Anna Herrmann, Nina Botkay, Olivia Ancona, Alva Inger Armenta (danseurs)
Gregor Acuña-Pohl (dramaturgie), Curt Allen Wilmer (décor), Jörgen Jansson (lumières)
Thoughts on Bergman
Alexander Ekman (chorégraphie), Frédéric Chopin (musique)
Alexander Ekman (danseur)
Memory
Mats Ek (chorégraphie), Nico Rölcke (musique)
Ana Laguna, Mats Ek (danseurs)
Jörgen Jansson (lumières)


M. Ek, A. Laguna (© Erik Berg)


La Suède rend hommage à son cinéaste phare Ingmar Bergman, né il y a cent ans avec un film et un spectacle présenté à Paris après les capitales nordiques.


Le film récemment commercialisé (Blu-ray ou DVD Bel Air Classiques) intéressera autant cinéphiles qu’amateurs de danse contemporaine. Réalisé en 2016 par Fredrik Stattin et déjà primé dans quelques festivals, Ingmar Bergman vu par les chorégraphes, tourné en Suède sur l’île de Fårö dans le hangar d’aviation de Bunge et dans la demeure du cinéaste, donne carte blanche à quatre chorégraphes de la nouvelle vague suédoise: Alexander Ekman, Pär Isberg, Pontus Lidberg et Joakim Stephenson. Des quatre pièces dansées, c’est la performance d’Alexander Ekman, un magnifique solo sur un Nocturne de Chopin, qui séduit le plus. Mais il y a aussi beaucoup d’invention dans les trois autres compositions sur des musiques de Bach et Stefan Levin. Le documentaire donné en bonus montre les quatre artistes découvrant cette île mythique et merveilleuse et préparant leur travail.


Le Théâtre des Champs-Elysées vient de présenter un spectacle comparable, le dernier de la saison TranscenDanses, mais moins réussi que le film. Il réunit autour de la mémoire du cinéaste trois générations de chorégraphes suédois: le plus grand, Mats Ek, le plus international, Johan Inger, et le plus jeune et le plus en vogue, Alexander Ekman, dont Paris a pu voir deux pièces assez contestables, A Swan Lake au Théâtre des Champs-Elysées et Play à l’Opéra Garnier. Trois chorégraphies courtes et liées par des projections d’extraits de photographies, de films et d’archives de coulisses de Bergman réunies par Bengt Wanselius, photographe de plateau et mémoire visuel du cinéaste.


Faut-il pour apprécier ce spectacle une vaste culture cinématographique et chorégraphique? On a tendance à le penser tant sont nombreuses les clefs et références qui ont permis de tisser ces 80 minutes qui passent comme un souffle. On peut aussi penser le contraire devant l’accueil plus qu’enthousiaste d’une partie d’un public très jeune qui, chronologiquement, n’a pas eu le temps d’absorber toute cette histoire.


Les trois chorégraphes ont à des degrés divers un rapport avec Bergman. Alexander Ekman, qui ne l’a pas connu, s’est beaucoup imprégné de son legs et son solo Thought on Bergman, qui est celui du film Ingmar Bergman vu par les chorégraphes, un peu plus développé, questionne l’importance de la danse chez Bergman pour conclure qu’il est un immense chorégraphe. Si le substrat musical, le Nocturne opus 9 n° 2 de Chopin, n’est là qu’en toile de fond, l’ensemble a une cohérence et une sincérité que n’a pas toujours son travail de chorégraphe, trop fondé sur l’effet. Ekman, excellent danseur, paye comptant et convainc dans ses excentricités.


Johan Inger, une figure de proue de la danse suédoise s’étant distinguée autant au Ballet Cullberg de Stockholm qu’au Nederlands Dans Theater de La Haye, a créé une chorégraphie pour quatre danseuses, 4 Karin, réglée sur des extraits d’Il ballo delle ingrate de Monteverdi. Cette pièce reprend un projet bergmanien pour la télévision suédoise, The Dance of the Damned Women. La pièce n’est pas d’une originalité folle mais le procédé est pédagogique: après avoir été dansée une première fois, elle est expliquée au public par une vidéo puis reprise. L’effet n’est pas nul mais réside surtout dans le fait que la répétition permet une vue plus globale de la chorégraphie et d’observer des détails passés inaperçus la première fois.


Mats Ek a lui bien connu le cinéaste et a même été en 1969 son assistant (Bergman était maniaque du mouvement et s’adjoignait toujours les conseils d’un chorégraphe) sur le tournage de Woyzeck de Georg Büchner. Avec Ana Laguna, son épouse et muse, ils ont repris, après un faux départ à la retraite (il sera à l’Opéra de Paris la saison prochaine et a annoncé qu’il commercialisera ses pièces cultes dès 2019), un duo créé en 2000 sur une musique de Niko Rölcke. Memory met en scène un couple dans le cadre cher à Ek d’un appartement avec quelques accessoires. Cela ne s’éloigne pas trop de la thématique bergmanienne, évoquant le quotidien de la vie conjugale. La danse de ces deux légendes vivantes est suprêmement touchante, pas seulement pour les nostalgiques de leur grande époque si l’on en juge par l’enthousiasme de l’accueil de la plus jeune fraction du public de cette singulière soirée.



Olivier Brunel

 

 

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