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Viva Sokhiev!

Toulouse
Halle aux grains
06/02/2018 -  et 5 juin 2018 (Paris)
Bruno Mantovani : Quasi lento (crétaion)
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n °3 en ut majeur, opus 26
Claude Debussy : La Mer
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé (Suite d’orchestre n° 2)

David Minetti (clarinette), Nicholas Angelich (piano)
Orchestre national du Capitole de Toulouse, Tugan Sokhiev (direction)


B. Mantovani, D. Minetti (© David Herrero)


Trois semaines après avoir dirigé l’Orchestre national du Capitole dans ses murs historiques de la Halle aux Grains, Bruno Mantovani est de retour auprès de la célèbre institution musicale d’Occitanie, mais cette fois pour la création de sa dernière œuvre, composée à l’intention de la phalange toulousaine, Quasi lento. Le dédicataire en est principalement le clarinettiste solo de l’orchestre, David Minetti, qui fait résonner la première note, longuement tenue – et peu modulée – sur des micro-intervalles descendants, avant que tout l’orchestre – sous la baguette de son directeur musical, Tugan Sokhiev – ne le rejoigne dans un crescendo (très angoissant) qui culmine sur des coups de timbales qui vous entrent comme des coups de sabre dans le corps. Une pièce vivement acclamée par le public, qui pourrait réconcilier ceux qui ne la goûtent pas beaucoup avec la musique «contemporaine».


On retrouve David Minetti dans le morceau suivant, puisque les clarinettes introduisent le thème très russe du Troisième Concerto de Prokofiev, aux côtés du piano de Nicholas Angelich. Toujours aussi physiquement impressionnant, le pianiste franco-américain ne manque pas de puissance et se montre tout à fait à la hauteur de cette difficile partition, tandis que l’orchestre s’avère à l’unisson. Ainsi les passages «implacables» le sont réellement et les climax orchestraux sont complètement grisants, tous communiant dans l’élan formidablement joyeux de l’œuvre. Dans les concertos aussi bien que dans les pièces pour piano seul (à l’image de la Mazurka opus 33 n° 1 en sol dièse mineur de Chopin jouée en bis), Angelich brille par la finesse de ses interprétations, qui toujours captive le public. Sokhiev, admiratif, se met en retrait à la fin du concerto, abandonnant au soliste tout l’honneur des vivats.


En seconde partie, c’est la musique française qui est à l’honneur, avec d’abord La Mer, chef-d’œuvre accompli de la pleine maturité de Debussy (1905). Ces trois «esquisses symphoniques» restent un défi pour tout orchestre, tant l’alchimie sonore requise par cette partition relève d’une science secrètement élaborée. Et c’est avec tous les honneurs que la phalange occitane sert l’imaginaire sonore debussyste: «Jeux de vagues» se pare ainsi d’un éclat vif et d’une mobilité kaléidoscopique, finement rendue par l’ensemble des pupitres. Quant aux deux volets extrêmes – «De l’aube à midi sur la mer» et «Dialogue du vent et de la mer» –, ils sont joués avec beaucoup de sensualité, ainsi qu’avec une respiration ample dans les grands déploiements sonores, avant que le final, spectaculaire, n’enthousiasme l’auditoire. La Seconde Suite de Daphnis et Chloé de Ravel récolte un même triomphe: quelle poésie dans les élans, toujours raffinés, des cordes! Les pupitres, subdivisés et à l’écoute des moindres oscillations de nuances, voguent hardiment sur une partition ciselée à l’extrême, où un lyrisme captivant s’épanouit sur fond de pastorale. Le fameux «Lever du jour» est bouleversant de beauté sonore. Quel exploit pour la petite harmonie: flûtes, clarinette, cor anglais (admirable) et hautbois contrefont les oiseaux! L’arsenal de percussionnistes participe à cette suroffre virtuose de timbres et de couleurs; et l’on reste abasourdi devant une telle luxuriance orchestrale, menée de main de maître par l’excellent chef ossète.



Emmanuel Andrieu

 

 

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