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Le théâtre musical roboratif de Georges Aperghis

Paris
Centre Pompidou
06/06/2018 -  et 7 juin 2018
Georges Aperghis : Thinking Things (création)
Richard Dubelski (voix et percussion), Donatienne Michel-Dansac (soprano), Lionel Peintre (baryton), Johanne Saunier (voix et danse), Olivier Pasquet (réalisation informatique musicale Ircam)
Pierre Nouvel (création vidéo, conception et programmation des robots), Daniel Lévy (scénographie, création lumière), Olga Karpinsky (création costumes et accessoires)


(© Quentin Chevrier)


Troisième « objet scénique » de Georges Aperghis (né en 1945) en collaboration avec l’Ircam après Machinations (2000) et Luna Park (2011), Thinking Things ouvre le festival ManiFeste-2018 en interrogeant la technologie et ses dérives... avec un humour corrosif.


« Mes spectacles sont avant tout de la drôlerie », déclare le compositeur. Infléchissons cette déclaration : si drôlerie il y a, celle-ci dégage dans Thinking Things de graves harmoniques (philosophiques, éthiques), bien que l’esprit ludique préside toujours à ces confrontations entre la machine et l’humain, l’intelligence artificielle et le cerveau. Soit un mur avec projections d’images (filmées en amont ou en direct) sur plusieurs écrans ainsi que des casiers où gisent des membres de robots. La scénographie est à l’avenant, avec une mise en abîme de l’arrière-scène en écho à la partie électronique qui « emmêle des vraies voix et des voix complètement synthétiques » (Olivier Pasquet). On songe au Surréalisme, notamment au fameux mur de l’atelier d’André Breton avec ces objets épars où l’on perçoit ici un gant (celui de Nadja ?), ailleurs certaine tête de mannequin à la Giorgio De Chirico. Il n’est pas jusqu’aux programmes informatiques qui ne suggèrent les énigmatiques « Boys du sévère » (tirant le fil de notre vie) de L’Amour fou.


Au gré de séquences enchaînées à un rythme effréné, l’auditeur-spectateur ne saisit le fil d’Ariane que par intermittence tant le maître du labyrinthe se plaît à brouiller les pistes (« il ne faut pas que le public retrouve trop rapidement ses marques : sinon, il n’y croit pas ») : ainsi de ce moment, disruptif entre tous au sein d’un assemblage textuel essentiellement anglophone (« You really need electrodes under your skin »), où est déclamé le célèbre récit de Théramène extrait de Phèdre. Si l’on est partagé entre le sentiment contrariant de se faire « mener en bateau »et la jubilation face au renouvellement incessant des idées, le tactus théâtral de Georges Aperghis et ses associés Pierre Nouvel, Daniel Lévy et Olivier Pasquet finit par neutraliser toute réticence, secondé par un carré d’artistes au cordeau, au premier rang duquel Donatienne Michel-Dansac à qui échoient ces formules lovées sur elles-mêmes héritées des Récitations (1978). Un théâtre musical certes bavard et parfois abscons, mais fertile en interprétations... et d’une folle vitalité !



Jérémie Bigorie

 

 

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