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Concertgebouw royal

Paris
Philharmonie
05/17/2018 -  et 9, 11 (Amsterdam), 14 (Wien), 15 (Praha), 16 (Dresden) mai 2018
Carl Maria von Weber : Euryanthe, opus 81, J. 291: Ouverture (*)
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 3, opus 26
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 «Titan»

Daniil Trifonov (piano)
Etudiants du Pôle supérieur d’enseignement artistique Paris-Boulogne-Billancourt (*), Koninklijk Concertgebouworkest, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Kai Bienert)


Avec le Concertgebouw, Daniele Gatti a hérité d’un orchestre de luxe – ce que n’était pas, toute révérence gardée, le National. Il y a quelques années, un classement en avait même fait le meilleur du monde. L’Italien peut donc tout demander à ses musiciens, en matière de couleur ou de dynamique et la Symphonie Titan est éblouissante par la maîtrise virtuose de l’orchestre de Mahler – et la beauté à la fois généreuse et fluide de la pâte sonore. Le premier mouvement, néanmoins, patine parfois un peu, sans doute parce que l’Italien privilégie l’atmosphère plutôt que la tension formelle, plus pictural que narratif, restant assez étale jusqu’à l’explosion de la fin. Le Scherzo, en revanche, est solidement charpenté, avec un Trio aux souplesses subtilement chaloupées, confirmant une tendance à appuyer et à étirer, qui marquera le mouvement lent comme le final. Cela peut irriter, de même que l’ampleur des tempos, mais la direction assume superbement ses options. Ainsi, le final, pourtant plus relâché du point de vue formel, est-il parfaitement tenu, le chef ciselant ses phrasés avec une sorte de gourmandise, quitte à passer pour narcissique. On est très loin, évidemment, son prédécesseur Mariss Jansons, qui, beaucoup moins jouissif, se serait interdit ce que Gatti s’autorise – il rappelle certaines interprétations du passé.


Dans le Troisième Concerto de Prokofiev, il accompagne impeccablement un Daniil Trifonov très feu follet, d’une éblouissante virtuosité. Aucune dureté dans les passages percussifs, où la sonorité garde sa rondeur, une invention de chaque instant pour trouver des phrasés et des couleurs. Quand la partition devient lyrique, le pianiste lorgne vers Scriabine, ce qui, paradoxalement, va très bien avec son Prokofiev fantasque – tendance déjà observée dans le Deuxième Concerto à Radio France. En bis, une facétieuse Gavotte de la Troisième Partita de Bach transcrite par Rachmaninov, un Troisième Sarcasme de Prokofiev entre martèlement et effusion.


Le concert avait débuté par une Ouverture d’Euryanthe atypique : des étudiants du Pôle supérieur d’enseignement artistique Paris-Boulogne-Billancourt s’étaient joints aux musiciens du Concertgebouw dans le cadre du projet «Side by Side». Les aînés et le chef ont joué le jeu.



Didier van Moere

 

 

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