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Paris
Philharmonie
05/05/2018 -  et 13, 14, 15 (Los Angeles), 25 (Boston), 27 (New York) avril, 2 mai (London) 2018
Esa-Pekka Salonen : Pollux
Edgard Varèse : Amériques
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 5 en ré mineur, opus 47

Los Angeles Philharmonic, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Chris Christodoulou)


Après Andris Nelsons et le Gewandhaus de Leipzig (voir ici) et avant Yannick Nézet-Séguin, qui viendra fin mai avec l’Orchestre de Philadelphie, c’était au tour de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles de passer à Paris avec son directeur musical, Gustavo Dudamel. Au menu, une nouvelle œuvre d’Esa-Pekka Salonen, le rare Amériques de Varèse et la Cinquième Symphonie de Chostakovitch, autant dire un programme ambitieux et risqué pour un orchestre en tournée. Mais le public parisien, souvent peu aventurier, a répondu présent. Il est vrai que Dudamel est une star et que le Philharmonique de Los Angeles un ensemble avec lequel il faut de plus en plus compter.


Ce concert débutait donc par la première française, quelques jours après la création mondiale à Los Angeles, de Pollux, le dernier opus d’Esa-Pekka Salonen, ancien directeur du Los Angeles Philharmonic de 1992 à 2009 et dont il est maintenant chef honoraire. Cette courte pièce n’est pas apparue comme la plus marquante du compositeur. Bien écrite et aucunement déplaisante, elle n’est pas non plus frappante ni harmoniquement ni d’un point de vue structurel, même si l’on y retrouve le talent d’orchestrateur et de coloriste de Salonen. Dudamel dirige avec la précision qu’on lui connaît un orchestre qui semble s’être déjà approprié cette musique.


Dans Amériques de Varèse, le changement d’ambiance est total. Place à un effectif pléthorique, avec par exemple quatorze percussionnistes et neuf cors, même si la première version de 1926 écrite pour 145 musiciens n’est plus jouée de nos jours. Gustavo Dudamel, l’impressionnante partition posée sur le pupitre, lance à peine la flûte basse et l’œuvre débute. Vingt-cinq minutes plus tard, on est véritablement sonné, au sens physique du terme, par la puissance de cette interprétation. Gustavo Dudamel joue de l’orchestre en vrai magicien des sons, des timbres, des volumes, des rythmes et des contrastes, exaltant le foisonnement incessant de cette musique unique. Ce jeu ne se fait jamais aux dépens de la limpidité et de la lumière ni de la structure éminemment complexe de l’œuvre. La fascinante, voire agressive, rythmique très stravinskienne, soutient tout l’édifice, les tutti déferlent avant de refluer, les cuivres (les trompettes!) sont tous exceptionnels, y compris dans des decrescendi que très peu de musiciens maîtrisent à ce point et les deux timbaliers assènent leurs coups avec une force et une simultanéité fascinantes. Le crescendo final, aux limites de la saturation, fait participer physiquement l’auditeur à cette pièce hors norme et le colle à son siège. Unique et foudroyant!


Après l’entracte, retour à un effectif plus traditionnel pour une grandiose Cinquième Symphonie de Chostakovitch. Ici aussi l’Orchestre philharmonique de Los Angeles se couvre de gloire par sa sonorité d’ensemble somptueuse, sa souplesse et sa capacité à nuancer. Des solistes exceptionnels – on pense notamment au timbalier, au hautbois et ici encore à la trompette solo – participent de ce bonheur de chaque seconde. Même chose en ce qui concerne les cordes, notamment un exceptionnel pupitre de violoncelles. La vision de Dudamel, même si cela peut surprendre, n’est finalement pas très différente de celle de Semyon Bychkov (voir ici). Tous deux prennent à bras-le-corps cette musique, ici aussi avec succès, entraînant l’ensemble des musiciens dans une conception âpre, tendue mais terriblement dramatique et efficace de l’œuvre. Quelques micro-imprécisions au tout début du premier mouvement n’empêchent pas la construction d’une belle progression à partir de l’allegro. Dans le Scherzo, la souplesse communicative et l’énergie de Dudamel font merveille, la qualité de l’orchestre faisant le reste jusqu’à un accord final qui impressionne, coupé à la serpe. L’Adagio, dans un tempo justement retenu, est d’une beauté à couper le souffle. Quant au Final, toutes trompettes et timbales dehors, il finit de conquérir un public qui semble comme sous le choc mais heureux au point de le manifester rapidement par une ovation debout. Cela n’empêchera pas Dudamel et ses musiciens d’offrir une impressionnante et émouvante Mort d’Isolde de Wagner qui terminera magistralement ce moment rare.


Exceptionnel concert par un chef décidément unique et un orchestre superlatif. On en redemande.


Le site de Gustavo Dudamel
Le site de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles


Gilles Lesur

 

 

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