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Osmose

Paris
Philharmonie
05/03/2018 -  et 15, 16 mars (Leipzig), 24 (Hambourg), 25 (Amsterdam), 27 (Bruxelles), 28 (Baden-Baden) avril, 6 mai (Madrid) 2018
Thomas Larcher : Chiasma
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 40 en sol mineur, K. 550
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 en si mineur « Pathétique », opus 74

Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Gert Mothes)


La venue de l’Orchestre du Gewandhaus à la Philharmonie de Paris est un des incontournables de la saison musicale parisienne. Mais depuis le ici récent Requiem allemand, l’orchestre, qui fête cette année ses 275 ans, a changé de directeur musical. C’est en effet le Letton Andris Nelsons, invité régulier à Leipzig depuis plusieurs années et par ailleurs directeur musical du Boston Symphony Orchestra depuis 2014, qui en est le directeur musical depuis février 2018. Ce concert, partie prenante d’une première grande tournée européenne de l’ère Nelsons, était donc très attendu et le moins que l’on puisse dire c’est que cette attente fut comblée.


Ce concert débutait par une courte pièce, Chiasma, de l’Autrichien Thomas Larcher. Bien écrite, faisant la part belle aux tutti, assez classique dans son écriture, elle met d’emblée en valeur une sonorité d’ensemble de l’orchestre tout à fait unique avec un mélange de rondeur et d’intensité, qui joint à un sens du collectif porté au plus haut niveau, impressionne. Une magnifique entrée en matière!


On retrouve dans la Symphonie en sol mineur ces mêmes qualités. Andris Nelsons et ses musiciens offrent un Mozart simple, direct, transparent et, malgré la tonalité dominante, lumineux. Le travail extrêmement précis sur les nuances, l’équilibre parfait du dialogue entre vents et cordes et la conduite des phrasés participent d’une interprétation d’un grand naturel. Les quatre mouvements sont caractérisés, mais sans empêcher une mise en correspondance entre eux qui participe de la construction. Ce Mozart qui regarde incontestablement vers Beethoven est une merveille d’évidence. Et la beauté des timbres, l’élégance des phrasés et la lisibilité de chaque trait sont un bonheur de chaque instant auquel participe l’hyperréactivité à chaque volonté du chef, témoignant déjà d’une magnifique osmose.


On attendait beaucoup de la Pathétique d’Andris Nelsons, une œuvre qu’il a souvent dirigée, et l’on n’a pas été déçu, quoique presque surpris par une lecture finalement assez sobre. Rien de typiquement russe ni de spectaculaire ou de raide dans une interprétation d’une beauté hiératique impressionnante. La gestion à la serpe des transitions (dans le premier mouvement notamment) et la conduite des phrases musicales et des silences, si essentiels dans cette musique, sont parfaitement maîtrisées. Nelsons et ses musiciens, à l’évidence très concentrés, donnent une lecture presque objective et concentrique, dirigée vers l’essence de l’œuvre. Le Gewandhausorchester Leipzig est d’une beauté, d’une noblesse de son, d’une précision et d’une densité incroyables et l’on ne sait quoi louer le plus tant tout est parfait et juste à la fois.


Le premier mouvement, sorti du néant, devient véritablement poignant dès l’allegro, dont le début surprend plus d’un auditeur. La valse à cinq temps qui suit, seul moment apaisé de l’œuvre, semble comme insouciante. L’Allegro moto vivace emporte tout sur son passage mais plus par sa construction lentement progressive, voire oppressante, que par des effets spectaculaires. Enfin place au dernier mouvement, d’une émotion contenue jusqu’au morendo final, durant lequel le choral de trombones, d’une justesse de ton comme d’esprit parfaite, puis les contrebasses, bientôt seules, semblent comme quitter le monde réel. L’attitude des autres musiciens, qui ne jouent plus à ce moment-là mais qui participent néanmoins à ces dernières mesures hors du temps, en dit long sur le caractère vraiment exceptionnel de cet ensemble décidément pas comme les autres. Fascinant et beau à pleurer.


Un immense concert, augurant fort bien d’une collaboration qui s’annonce au plus haut niveau.



Gilles Lesur

 

 

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