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Mikko Franck magnifie Berlioz

Paris
Philharmonie
04/27/2018 -  
Hector Berlioz : Grande Messe des morts (Requiem), opus 5, H. 75
John Irvin (ténor)
WDR Rundfunkchor, Robert Blank (chef de chœur), Chœur de Radio France, Nicolas Fink (chef de chœur)
Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


M. Franck (© Christophe Abramowitz)


Une interprétation du Requiem (1837) d’Hector Berlioz (1803-1869) est toujours visuellement impressionnante: le concert de ce soir ne fit pas exception. Dix timbaliers, huit cors (sans compter les quatre autres groupes de cuivres requis par la partition et disséminés dans la salle), des bois par quatre, pléthore de cordes: n’en jetez plus! Et le ressenti n’a visiblement jamais varié si l’on en croit un certain Auguste Bottée de Toulmon, bibliothécaire du Conservatoire de son état, qui écrivait lors de la création de l’œuvre: «Hâtons-nous de dire que l’effet total était immense, saisissant (...) [l’assistance] dominée qu’elle était par cette force impérieuse, irrésistible, qui émane du génie» (Gazette musicale de Paris, n° 50, dimanche 10 décembre 1837).


Le résultat obtenu ce soir fut effectivement saisissant: superbe en un mot! L’Orchestre philharmonique de Radio France fut exceptionnel d’investissement. La grandeur de la partition était parfaitement rendue grâce donc à ces dix timbaliers et ces pupitres de cuivres rougeoyants (enfin... peut-on le supposer dans la mesure où les quatre groupes étaient cachés des yeux du public), notamment dans les impressionnants Dies irae et Rex tremendae, où les murs de la Philharmonie en vinrent presqu’à trembler. Pour autant, et c’est un trait que l’on retrouve dans les autres pièces sacrées de Berlioz (Messe solennelle et Te Deum en tête), l’œuvre n’exclut pas le recueillement et l’intimité: à ce titre, outre des cordes d’une grande finesse, saluons l’excellent cor anglais qui, doublé par le basson, introduisit avec grâce le Quid sum miser. Mais, qu’on nous pardonne de le reléguer ainsi, ce n’est pas l’orchestre qui retint l’attention mais ce furent avant tout les deux chœurs requis pour le concert: constamment sollicités, ils furent parfaits. Qu’ils chantent a capella (Quaerens me), de façon presqu’opératique (superbe Lacrymosa avec ces accents formidables de cordes qu’on aurait tout de même pu souhaiter encore plus assénés, voire plus violents) ou en une sorte de grondement formidable (Dies irae), ils témoignèrent d’une évidente justesse de ton dans chacune des dix parties du Requiem, tenant la distance sans le moindre signe de fatigue: chapeau! Mikko Franck fut plus que jamais le «chef» de cet ensemble, dirigeant debout du bas de l’estrade, s’asseyant de temps à autre (ayant d’ailleurs descendu sa chaise de son podium pour la mettre juste devant les violoncelles placés à sa droite), se tournant parfois presque devant la salle pour donner ses indications aux cuivres placés çà et là. Avec une grande économie de moyens dans la gestique alors qu’il serait si facile de «faire spectaculaire», il assura une cohésion et une progression dramatique de tout premier ordre.


Seul bémol (mais pas n’importe lequel...) à ce concert, la prestation en demi-teinte à nos yeux de John Irvin qui remplaçait Michael Spyres, initialement prévu mais malheureusement souffrant. Dans le Sanctus, moment de grâce absolu à l’image du Te ergo quaesumus dans le Te deum, le ténor américain chanta certes sa partie avec justesse mais sans la ferveur dont, justement, Michael Spyres avait fait preuve dans une interprétation mémorable du Requiem de Berlioz sous la direction de John Eliot Gardiner avec l’Orchestre national de France en conclusion, fin juin 2012, du festival de Saint-Denis. Manquant également un peu de volume (mais cela venait peut-être en partie de son positionnement, sur le côté de la scène et non au centre), il n’en participa pas moins à la réussite éclatante d’une soirée dont les spectateurs, les derniers légers coups de timbales donnés à la fin de l’Agnus Dei, ressortirent sans nul doute quelque peu groggy.


Autant dire que, vu le résultat obtenu ce soir, on attend avec impatience de faire la comparaison avec un autre Requiem de Berlioz, donné cette fois-ci en clôture du festival de Saint-Denis les 4 et 5 juillet prochain dans la Basilique: le National sera alors dirigé par Valery Gergiev...


Le site de John Irvin



Sébastien Gauthier

 

 

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