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Le vieux lion et le jeune tigre

Geneva
Victoria Hall
04/18/2018 -  et 19 avril 2018 (Lausanne)
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 4, opus 58
Johannes Brahms : Symphonie n° 2, opus 73

Radu Lupu (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Lahav Shani (direction)


L. Shani (© Marco Borggreve)


En 2015, Lahav Shani avait remplacé le premier chef invité Kazuki Yamada dans un concert où, comme le dit l’expression, les musiciens avaient « bien joué pour lui ».


Le temps de retrouver une date pour le faire revenir à Genève, Lahav Shani est devenu le premier chef invité de l’Orchestre symphonique de Vienne, dont le directeur musical est Philippe Jordan. Il va remplacer Yannick Nézet-Séguin à la tête de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam. Enfin, à partir de la saison 2020, il va remplacer Zubin Mehta, qui aura été pendant plus de 40 ans la directeur musical de l’Orchestre philharmonique d’Israël. Nous ne nous sommes pas trompés, c’est un musicien de premier ordre qui n’a pas encore 30 ans qui est devant nous.


C’est un certain honneur que de lui avoir donné la possibilité d’accompagner un pianiste aussi réputé que Radu Lupu, Suisse de résidence que l’on voit souvent à Victoria Hall. Le pianiste roumain sait toujours surprendre avec des phrasés personnels, une capacité à faire ressortir la richesse harmonique des œuvres et une superbe qualité de toucher. Mais ce n’est peut-être plus un jeune homme et on se surprend ici et là à des approximations que l’on ne lui connaissait pas. La fatigue semble le gagner par moments et certains traits du Rondo - Finale souffrent d’un excès de pédale. L’orchestre l’accompagne avec beaucoup de soin, le chef étant très attentif à suivre son soliste dont les rubatos sont si personnels. En formation de chambre, les cordes trouvent de belles couleurs et une palette de nuance plus marquée que par habitude. L’ensemble est équilibré et clair. Très applaudi, Radu Lupu donne en bis le Troisième Impromptu de l’Opus 142 de Schubert.


La seconde partie était consacrée à la Deuxième Symphonie de Brahms. Elle permet de prendre la mesure du talent du jeune chef israélien. Même si un chef invité ne peut changer de fond en comble le son qu’il obtient de ses musiciens, on est frappé par les textures aérées des tutti et par la cohérence de la participation de l’ensemble des musiciens. Les phrasés sont amples et en particulier, le cantabile des pupitres « centraux » altos-violoncelles est particulièrement éloquent. Les violons sont un peu couverts dans l’Adagio non troppo mais ceci est peut-être aussi dû à la subtilité de l’écriture orchestrale brahmsienne. L’Allegretto grazioso permet d’apprécier la qualité des bois, en particulier et comme souvent l’excellente Sara Rumer à la flûte. L’Allegro con spirito est dynamique, la partie centrale n’étant pas sans rappeler le début de la Première Symphonie de Gustav Mahler, et la coda finale, prise en un seul élan, est plein de jeunesse.


Le talent et la maîtrise de Shani sont incontestables. Les phrasés sont travaillés et les attaques nettes. L’ensemble des musiciens participe à sa conception et trouve sa place dans la palette sonore. Il est possible de retrouver dans sa gestique et en particulier dans ses indications de sforzando, certaines de habitudes de Daniel Barenboim avec qui il a étudié. Lahav Shani a surtout cette capacité de savoir laisser jouer les musiciens et de n’intervenir que quand on a besoin de lui. Oui, ce n’est pas un hasard si les musiciens jouent bien pour lui.


Voici un musicien de premier ordre à suivre qui va compter et dont on n’entrevoit à peine le potentiel. Son agenda doit être maintenant rempli et nul ne sait s’il reviendra un jour à Genève. Voici peut-être, s’il en fallait encore, une raison de plus d’aller en Israël.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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