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Marguerite

Geneva
Opéra des Nations
02/01/2018 -  et 3, 5*, 7, 9, 12, 14, 16, 18 février 2018
Charles Gounod : Faust
John Osborn (Faust), Adam Palka (Méphistophélès), Ruzan Mantashyan (Marguerite), Jean-François Lapointe (Valentin), Shea Owens (Wagner), Samantha Hankey (Siebel), Marina Viotti (Marthe)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Michel Plasson (direction musicale)
Georges Lavaudant (mise en scène et lumières), Jean-Pierre Vergier (décors et costumes), Jean-Romain Vesperini (conseiller artistique et dramaturgique), Giuseppe Bucci (collaborateur aux mouvements)


(© GTG - Magali Dougados)


Dans les pays germanophones, le Faust de Goethe est considéré comme le chef-d’œuvre artistique absolu. C’est ce qui explique pourquoi, il n’y a pas encore si longtemps, les théâtres lyriques qui programmaient l’opéra de Gounod affichaient Marguerite. En effet, qu’un autre ouvrage puisse porter le même nom que le drame de Goethe s’apparentait à un sacrilège. La nouvelle production de Faust étrennée à l’Opéra des Nations de Genève pourrait, elle aussi, s’intituler Marguerite, mais pour une tout autre raison : elle permet de découvrir, dans le rôle de la femme séduite puis abandonnée par Faust, une magnifique chanteuse qui, à elle seule, vaut le déplacement. Ruzan Mantashyan – c’est son nom – est une jeune soprano arménienne qui n’est pas tout à fait une inconnue du public genevois, puisqu’elle avait partagé en alternance le rôle de Mimi avec Nino Machaidze dans une Bohème présentée en décembre 2016. Dans Faust, son personnage d’adolescente pleine de fraîcheur et lumineuse irradie le plateau, de même que sa voix ample et cristalline, parfaitement conduite sur toute la tessiture et aux vocalises bien assurées. Une révélation.


Le reste de la distribution – inégale – de ce nouveau Faust genevois est emmené par John Osborn dans le rôle-titre. Si le ténor américain semble peu à l’aise dans le premier acte, donnant l’impression de constamment forcer, son personnage se bonifie au fil de la soirée pour se faire ardent dans les aigus et délicat dans le phrasé, avec une bonne diction de surcroît. Adam Palka incarne un Méphisto viril et sonore, mais son français est totalement incompréhensible et son chant peu raffiné. On lui préfère le Valentin de Jean-François Lapointe, à la diction parfaite et au chant particulièrement expressif, malgré le passage des ans. Parmi les rôles secondaires, on relève le Siebel touchant de Samantha Hankey et surtout la Marthe truculente de Marina Viotti, aux graves corsés.


Dans la fosse officie un remplaçant de luxe en la personne de Michel Plasson, qui a repris la baguette de Jesús López Cobos, souffrant. Le chef français avait déjà dirigé le chef-d’œuvre de Gounod à Genève en 1980. Près de 40 ans plus tard, son Faust séduit par sa profondeur, sa largeur de vue et ses tempi étirés mais fluides, ainsi que par le son opulent et riche qu’il réussit à tirer de l’Orchestre de la Suisse Romande. Le Chœur du Grand Théâtre livre, lui aussi, une magnifique prestation.


La grosse déception de ce Faust genevois vient de la mise en scène de Georges Lavaudant. Le spectacle est peu clair et touffu, on peine à en tirer les lignes directrices. L’intrigue se déroule dans un décor triste, métallisé et sombre à deux niveaux. La direction d’acteurs est rudimentaire et l’apparition de danseuses de cabaret et de pénitents encagoulés alourdit inutilement le propos. En revanche, la scène de la nuit de Walpurgis a malheureusement été supprimée. Mieux vaut donc fermer les yeux et se concentrer sur la musique et les voix.



Claudio Poloni

 

 

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