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Prusse-Hongrie-Autriche

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Konzerthaus
01/18/2018 -  et 19* janvier 2018
Wolfgang Amadeus Mozart: Quatuors n° 23, K. 590, et n° 19 “Les Dissonances”, K. 465
Béla Bartók : Quatuor n° 2, Sz. 67

Quatuor Artemis: Vineta Sareika, Anthea Kreston (violon), Gregor Sigl (alto), Eckart Runge (violoncelle)


Le Quatuor Artemis (© Nikolaj Lund)


La programmation de deux quatuors de Mozart, entre lesquels s’interpose une œuvre de Bartók, apporte un éclairage subtile et inattendu : le quatuor «prussien» est joué avec une générosité quasi méditerranéenne, les instrumentistes faisant résonner leurs instruments de manière lumineuse et chantante. Chaque moment semble merveilleusement illustrer les facultés de conversations entre pupitres, sachant mettre en évidence leurs entrées respectives sans jamais rompre l’homogénéité de l’ensemble. Le timbre de l’alto (Gregor Sigl) converge vers celui d’un second violon (dont il occupait la place il y a encore peu de temps) alors que celui du second violon (Anthea Kreston) pourrait se rapprocher de celui d’un altiste; ce double croisement a pour effet de radicalement concentrer la cohésion du quatuor. Cette première pièce est jouée avec beaucoup de respect, et si on y reconnaît la qualité du travail intellectuel des interprètes, on peut aussi en regretter le caractère quelque peu littéral qui ne parvient pas toujours à éveiller une excitation de découverte auditive.


Le quatuor dit des «Dissonances» qui clôt le programme, bien qu’antérieur de cinq années, semble cependant beaucoup plus audacieux. Certes, on joue toujours à fond la carte classique, mais des échelonnements dynamiques plus marqués, des espaces de respiration plus dramatiques et un mordant tout simplement plus acéré des attaques révèlent, derrière la façade classique, une spiritualité et un élan qui faisaient défaut. Certains passages des deux mouvements extrêmes nous projettent dans le XIXe siècle – ne note-t-on pas une sensibilité fantastique mendelssohnienne dans l’Allegro final?


L’insertion du Deuxième Quatuor de Bartók a surement contribué à libérer les musiciens, qui trouvent dans l’œuvre matière à y inscrire des couleurs et des tonalités plus personnelles. Les timbres, toujours superbes et travaillant la résonnance naturelle des cordes, servent désormais à mettre en valeur les entrailles de la partition, que ce soient les rugosités harmoniques du premier mouvement, les rythmiques claustrophobiques du deuxième mouvement, ou bien la désolation spirituelle du final. C’est certainement dans cette pièce que les musiciens du Quatuor Artemis sont parvenus à trouver la plus grande intimité lors de cette soirée: la réaction de la salle, évoluant d’un enthousiasme poli pour Mozart à une série d’ovations enflammées pour Bartók, démontra que le public viennois y fut sensible.



Dimitri Finker

 

 

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