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Bohémien ou éleveur de cochons, il faut choisir son camp

Geneva
Opéra des Nations
12/15/2017 -  et 17, 19*, 21, 23, 27, 29, 31 décembre 2017, 2, 4, 6 janvier 2018
Johann Strauss : Le Baron Tzigane
Daniel Djambazian (Comte Carnero), Jean-Pierre Furlan (Sándor Barinkay), Eleonore Marguerre (Sáffi), Marie-Ange Todorovitch (Czipra), Melody Louledjian (Arsena), Christophoros Stamboglis/Wolfgang Bankl/Sergio Raonic Lukovic* (Kálmán Zsupán), Loïc Félix (Ottokar), Marc Mazuir (Comte Homonay), Jeannette Fischer (Mirabella), Wolfgang Barta (Pali)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Alan Woodbridge, Roberto Balistreri (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Stefan Blunier (direction musicale)
Christian Räth (mise en scène), Jean-François Kessler (assistant à la mise en scène), Leslie Travers (décors et costumes), Agathe Mélinand (adaptation dialogues), Philippe Giraudeau (chorégraphie), Simon Trottet (lumières)


(© GTG / Carole Parodi)


D’où vient ce sentiment que la nouvelle production du Grand Théâtre de Genève pour les fêtes de fin d’année – Le Baron tzigane de Johann Strauss – laisse un goût d’inachevé ? Pas de la musique en tout cas. La partition du compositeur autrichien est particulièrement entraînante, avec ses nombreux enchaînements de valses, de mazurkas, de polkas et de czardas, mélange astucieux de musique viennoise et de folklore hongrois. Tout au plus pourrait-on souhaiter davantage d’entrain de la part de l’Orchestre de la Suisse Romande, qui manque parfois de légèreté sous la direction de Stefan Blunier. Pour mémoire, Der Zigeunerbaron a été créé à Vienne en 1885. C'est la plus populaire des opérettes de Johann Strauss fils après La Chauve-Souris.


Le malaise suscité par la production genevoise vient d’abord de la version choisie. Dans un souci – louable au demeurant – de permettre aux spectateurs de bien comprendre l’intrigue, le Zigeunerbaron original devient ici Le Baron Tzigane. Cependant, la prosodie du texte français n’est de loin pas idéale. Le contraste est frappant avec les interventions – en allemand – de Sergio Raomi Lukovic dans le rôle de Zsupán. Des interventions beaucoup plus idiomatiques et naturelles que celles de ses collègues dans la langue de Molière. Il faut savoir que le chanteur a été appelé à la rescousse juste après la première, car le confrère engagé au départ a dû subir une intervention d’urgence. Comme il était impossible de trouver en si peu de temps un interprète capable de chanter le rôle en français, la direction du Grand Théâtre a décidé de faire appel à deux artistes pour le personnage de Zsupán : un chanteur qui interprète les airs et les ensembles en allemand et un comédien qui récite les dialogues en français.


Le sentiment d’inabouti vient aussi de la mise en scène de Christian Räth. Les intentions sont pourtant bonnes : l’intrigue se déroule sur le plateau géant d’un jeu de société, les personnages étant les pions d’une chasse au trésor ponctuée de nombreux rebondissements. Un héritier revient au château familial pour se marier. Il doit choisir entre la fille d’un éleveur de cochons et celle d’une bohémienne. On assiste ainsi à un affrontement entre les bohémiens, transformés ici en motards aux blousons de cuir, et les éleveurs, dépeints en bourgeois caricaturaux dans leurs costumes roses. Mais voilà, la direction d’acteurs se résume à une simple mise en place, les mouvements de foule ne sont pas coordonnés de manière idéale et les quelques gags ne font pas rire tout le monde. Dans un souci – louable encore une fois – d’épargner au public des références incompréhensibles aujourd’hui, les dialogues ont été réduits et actualisés, mais sans faire mouche la plupart du temps. Il convient néanmoins de saluer les magnifiques costumes de Leslie Travers.


Quant à la distribution, elle est homogène et de qualité. On retiendra tout d’abord la superbe Sáffi d’Eleonore Marguerre, à la voix ample et ronde, bien conduite sur toute la tessiture. Jeannette Fischer incarne une Mirabella truculente et énergique. Elle conclut une scène par un grand écart qui force l’admiration du public. Dans le rôle de la bohémienne Czipra, Marie-Ange Todorovitch campe, elle aussi, un personnage de caractère, haut en couleur. Melody Louledjian est une Arsena émouvante, à la belle voix lumineuse. Dans le rôle-titre, Marc Furlan offre des aigus radieux, mais son chant n’est pas des plus raffinés. La finesse se trouve plutôt chez Loïc Félix, Ottokar délicat et attachant.



Claudio Poloni

 

 

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