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Le meilleur de Py

Bruxelles
La Monnaie
12/08/2017 -  et 10, 12, 14, 15, 17*, 19, 20, 22, 23 décembre 2017
Francis Poulenc: Dialogues des carmélites
Nicolas Cavallier (Marquis de la Force), Patricia Petibon/Anne-Catherine Gillet* (Blanche de la Force), Stanislas de Barbeyrac (Chevalier de la Force), Guy de Mey (L’Aumônier), Nabil Suliman (Thierry, Le médecin, Le geôlier), Sylvie Brunet-Grupposo*/Sophie Pondjiclis (Madame de Croissy), Véronique Gens/Marie-Adeline Henry* (Madame Lidoine), Sophie Koch/Karine Deshayes* (Mère Marie), Sandrine Piau/Hendrickje Van Kerckhove* (Sœur Constance), Mireille Capelle (Mère Jeanne de l’Enfant-Jésus), Angélique Noldus (Sœur Mathilde), Yves Saelens (Premier commissaire), Arnaud Richard (Second commissaire)
Académie des chœurs de la Monnaie, Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu (direction)
Olivier Py (mise en scène), Daniel Izzo (reprise de la mise en scène), Pierre-André Weitz (décors, costumes), Bertrand Killy (lumières)


(© Baus)


Nous avons dû patienter quatre ans avant de voir cette production. Les années, pourtant, coïncident : Paris l’acclama lors du cinquantenaire de la mort du compositeur, Bruxelles l’applaudit, à son tour, soixante ans après la création de l’opéra. Olivier Py revêt de sa signature une mise en scène touchée par la grâce. Moins spectaculaire que Les Huguenots, plus marquante que Hamlet, sa conception sobre et émouvante témoigne d’un profond respect pour cette œuvre essentielle.


Daniel Izzo assure la reprise sans préjudice pour la direction d’acteur et la continuité dramatique. Cette approche humble préserve l’émotion engendrée par cet épisode tragique dans toute son ascèse et sa dimension spirituelle. Les carmélites paraissent ainsi fortes et dignes, intransigeantes et humaines. Pierre-André Weitz imagine un décor dépouillé, mais splendide, dans de belles déclinaisons de bleu, de gris et de noir, Bertrand Killy produisant de superbes lumières. La scénographie réserve ainsi de splendides et inoubliables images, en particulier lorsque les sœurs forment des tableaux vivants, à la manière de peintures médiévales. La conclusion, tellement bien imaginée par Poulenc, se révèle digne et magnifique, les religieuses, vêtues de blanc, se fondant, l’une après l’autre, dans un ciel étoilé. Le décor joue aussi habilement sur les perspectives, avec cette prieure qui agonise sur un lit placé à la verticale. Comment mieux servir scéniquement les Dialogues des Carmélites ?


La Monnaie ne lésine pas sur les moyens : une double distribution franco-belge riche de noms réputés se partage les dix représentations. Quel bonheur d’entendre des chanteurs aussi soucieux de la prononciation, même si certains excellent un peu moins dans la déclamation. Soprano à la voix fine et au timbre parfumé, Anne-Catherine Gillet incarne avec intensité et délicatesse une Blanche pure et rayonnante. Souffrante, Sylvie Brunet-Grupposo a dû déclarer forfait pour les premières représentations. Pas totalement remise, la mezzo-soprano interprète la Prieure pour la première fois seulement ce dimanche, mais elle livre une magnifique et intense composition en tenant vocalement son rang, malgré cet affaiblissement qui, finalement, renforce la crédibilité de cette religieuse mourante. Karine Deshayes, trop en retrait et à l’articulation floue, peine à habiter le personnage de Marie, si bien que Marie-Adeline Henry convainc nettement plus de son potentiel en Madame Lidoine, de même que Hendrickje Van Kerckhove, touchante en Sœur Constance. Les hommes n’endossent pas de lourdes responsabilités, mais tous caractérisent au mieux leur rôle. Retenons surtout le Marquis de la Force de solide stature de Nicolas Cavallier et plus encore le Chevalier de la Force de grande école de Stanislas de Barbeyrac, ténor des plus stylés.


Alain Altinoglu dirige un orchestre drapé de vives couleurs, net et limpide, aussi capable d’âpreté que de finesse. Le chef ajuste le volume pour garantir la clarté de la prosodie, mais certains passages couvrent encore un peu trop les chanteuses. Les cordes et les bois sonnent avec précision et plénitude, mais les cuivres interviennent parfois lourdement, ce qui ne remet aucunement en cause la qualité de cette exécution rigoureuse et d’une belle unité de ton. Les choristes, enfin, tous très investies, rendent justice à la poignante conclusion. La Monnaie créera en avril une nouvelle production de Lohengrin, mise en scène par Olivier Py. Avec de telles réussites à son actif à la Monnaie, les attentes sont immenses.



Sébastien Foucart

 

 

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