About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La grande maturité de Philippe Cassard

Paris
Salle Gaveau
12/01/2017 -  et 6 décembre 2017 (Lyon)
Felix Mendelssohn : Lieder ohne Worte, opus 19 n° 1 et n° 5, opus 38 n° 6, opus 53 n° 2, opus 67 n° 2, n° 3 et n° 4 et opus 105 n° 5
Johannes Brahms: Fantaisies, opus 116: 1. Capriccio, 2. Intermezzo & 3. Capriccio – Ballade, opus 10 n° 1 – Rhapsodie, opus 79 n° 2
Gabriel Fauré: Barcarolle n° 10, opus 104 n° 2 – Impromptu n° 5, opus 102 – Nocturne n° 2, opus 33 n° 2
Frédéric Chopin: Sonate pour piano n° 3, opus 58

Philippe Cassard (piano)


P. Cassard (© Bernard Martinez)


On aime l’écouter parler des autres, mais on aime aussi l’écouter jouer. Le dernier récital de Philippe Cassard à Gaveau vient de montrer à quel degré de maturité il est parvenu, d’abord à travers neuf Romances sans paroles de Mendelssohn, où le jeu se libère progressivement. Des pages beaucoup moins superficielles qu’il y paraît et où il faut trouver l’équilibre entre la légèreté et la profondeur. Il y parvient, à travers une sonorité dense mais jamais pesante, une approche très concentrée restituant le caractère de chacune, qu’il s’agisse de l’entêtant « Chant du gondolier vénitien » ou de la volubile « Fileuse », insaisissable grâce à l’agilité des doubles croches, ou encore du « Duetto » opus 38 n°6, qu’il fait vraiment chanter comme deux voix – Cassard, de toute façon, est un pianiste qui chante, sans viser l’effet.


Comme les Romances cessent ici d’être des morceaux de salon, elles s’enchaînent bien aux pièces de Brahms qui suivent, à commencer par les trois premiers numéros de l’Opus 116. Comme la seconde des Rhapsodies de l’Opus 79 à la fin, les deux Capriccios, très charpentés, débordent d’énergie mâle et sombre, mais sont exempts de dureté dans la puissance, alors que l’Intermezzo rêveur suggère une pénombre ambiguë, plus réussi qu’une Première Ballade de l’Opus 10 un peu contrainte, dont les clairs obscurs se cherchent.


Chez Fauré, Philippe Cassard a choisi d’abord des pages très différentes : Dixième Barcarolle crépusculaire, très tendue, Cinquième Impromptu fantasque, Deuxième Nocturne assez rhapsodique, où il perpétue avec pertinence l’esprit de Chopin. Pas de hiatus, du coup, quand vient la Troisième Sonate du Polonais : voilà un programme composé, ce qui n’est pas toujours le cas des récitals de piano. Cet Opus 58 confirme la grande maîtrise du clavier, avec des aigus très timbrés et une main gauche éloquente. Le contrôle des élans, pas affadis pour autant, le dosage heureux du rubato, notamment dans un Largo très bellinien, s’allient à un sens de la forme et une limpidité du jeu remarquables. C’est là, sans doute, le sommet du récital.


Trois bis : un poétique « Clair de lune » de Debussy, deux superbes Valses de Chopin, toutes de verve et d’élégance réinventées, opus 42 et opus 64 n° 6.


Une ombre au tableau, cependant : un piano trop harmonisé, qui parfois bride le son à partir du forte et peut même ici ou là devenir cotonneux.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com