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Le renouvellement d’un classique

Paris
Salle Cortot
11/29/2017 -  
Antonio Vivaldi : Concertos en fa majeur «La Tempesta di Mare», opus 10 n° 1, RV 433, en do majeur «Le Printemps», opus 8 n° 1, RV 269, en sol mineur «L’Eté», opus 8 n° 2, RV 315, en fa majeur «L’Automne», opus 8 n° 3, RV 293, en fa mineur «L’Hiver», opus 8 n° 4, RV 297 et en sol mineur «La Notte», opus 10 n° 2, RV 439
Les Musiciens de Saint-Julien, François Lazarevitch (musette, flûtes et direction)


F. Lazarevitch (© Jean-Baptiste Millot)


La rédaction de ConcertoNet a reçu le disque de François Lazarevitch et de ses Musiciens de Saint-Julien dont le programme est, à peu de choses près, celui du concert de ce soir. Avouons que l’écoute interpelle, intrigue, bouscule même, mais ne suscite qu’un intérêt limité... Aussi, comment ne pas évoquer la véritable magie d’un concert qui, ce soir, aura véritablement éclipsé cette impression discographique mitigée tant il fut enthousiasmant?


Accompagné de seulement sept musiciens, François Lazarevitch réinvente Vivaldi pour notre plus grand bonheur. Passons rapidement sur les célèbres concertos La Tempesta di Mare et La Notte, évidemment fort bien faits mais qui, en raison de leur notoriété peut-être, nous aurons semblé assez pâles à côté du reste du programme constitué par Les Quatre Saisons. Œuvre-phare du compositeur vénitien, on les connaît bien entendu au violon comme ce fut encore récemment le cas sous l’archet brillant d’Amandine Beyer et de son ensemble Gli Incogniti: mais l’avait-on déjà entendu à la flûte? Ou plutôt aux flûtes puisque François Lazarevitch usa tant de la flûte traversière (utilisée pour le seul Automne) que de la flûte à bec pour interpréter trois des quatre fameux concertos. Car le premier, Le Printemps, fut joué... à la musette! On connaît la virtuosité dont Lazarevitch est capable avec cet instrument (voir ici) dont le soufflet attaché à la taille du soliste s’active grâce à une poche d’air placée sous le bras droit, les mains courant sur le reste de l’instrument avec une dextérité incroyable. Cette transcription, effectuée dès le XVIIIe siècle par Nicolas Chédeville (1705-1782), ne permet certes pas de bénéficier de la réactivité du violon par rapport au reste de l’orchestre mais le résultat est étonnant et somme toute assez savoureux. Pour ce qui est des trois autres Saisons, Lazarevitch déploie une agilité des doigts et surtout un art consommé du détaché qui rendent parfaitement justice à la virtuosité de ces partitions. Même si le medium s’avère parfois couvert par les autres instrumentistes, la flûte impose ses sonorités chaleureuses (excellent contraste avec l’acidité revendiquée des cordes dans le premier mouvement de L’Hiver), les adaptations des trois saisons effectuées par le soliste lui-même fonctionnant surtout dans les mouvements rapides, notamment le Presto et l’Allegro concluant respectivement L’Eté et L’Automne.


Il faut dire que François Lazarevitch est épaulé par des musiciens qui, chacun à sa façon, participent totalement à l’alchimie de l’ensemble. Comment ne pas citer en premier lieu l’extraordinaire premier violon David Greenberg, vers qui tous ont le regard tourné et qui paraît être la véritable réincarnation du violoniste Vivaldi tel qu’on se l’imagine tant sa gestique et sa finesse de jeu illustrent la virtuosité baroque, épaulé par Augustin Lusson dont le look toujours aussi improbable cache un musicien à l’évidente finesse de jeu? Mentionnons également le timide Justin Taylor au clavecin, dont l’attention dans l’accompagnement est si évidente, l’excellente Sophie Iwamura à l’alto et le facétieux Patrick Langot au violoncelle, tandis que tous savent pouvoir compter sur la solide basse continue composée de Christian Saude à la contrebasse et d’André Henrich qui alterne entre théorbe et guitare.


Le bis, When she cam’ ben, she bobbit, une musique irlandaise que François Lazarevitch et ses comparses avaient donnée lors de leur récital Salle Gaveau en mars dernier, entraîna le public venu nombreux ce soir (les pieds, les mains ou même les têtes de plusieurs spectateurs battant silencieusement la pulsation, plus ou moins en mesure...) et put ainsi conclure de la plus belle manière un concert comme on aimerait tant en entendre: bref, voilà ce qu’on appelle un concert réjouissant!


Le site des Musiciens de Saint-Julien



Sébastien Gauthier

 

 

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