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Poésie au sommet

Strasbourg
Opéra national du Rhin
10/21/2017 -  
Lieder sur des poèmes de Goethe de Robert Schumann, Franz Schubert, Beethoven, Fanny Mendelssohn et Hugo Wolf, et Mélodies sur des poèmes de Baudelaire d’Ernest Chausson, Gabriel Fauré, Déodat de Séverac, Gustave Charpentier, Claude Debussy et Henri Duparc
Marie-Nicole Lemieux (contralto), Roger Vignoles (piano)


M.-N. Lemieux (© Lionel Bonaventure)


Soirée Goethe et Baudelaire. C’est ambitieux, de la part d’une Marie-Nicole Lemieux que l’on voit arriver sur scène beaucoup moins primesautière que d’habitude, fortement concentrée, avec quelques techniques de respiration pour se déstresser juste avant de commencer. Partitions ouvertes sur un pupitre pour la première partie, entièrement allemande, et aussi une relative prudence générale, comme si ce répertoire-là ne se laissait investir qu’avec certaines appréhensions. L’intonation varie souvent en fonction de la projection des consonnes, la voix, splendide, paraît comme hachée par les prises de respiration sur certains mots. Grâce à l’idiomatisme de Roger Vignoles au piano, toujours aussi imperturbablement parfait, ces excursions chez Schumann, Schubert et Wolf se passent cependant bien. Le très wagnérien Kennst du das Land d'Hugo Wolf est même un point culminant que les tousseurs invétérés (il y en a beaucoup dans la salle ce soir) respectent à peu près. Mais décidément, on n’est pas convaincu que Marie-Nicole Lemieux soit tout à fait là dans son domaine d’élection.


Pour la seconde partie, les partitions disparaissent. Là le chant est français, et même si l’interprète se trompe parfois en disant un mot pour un autre, on la sent bien davantage à l’aise. Mauvaise idée quand même que de bouleverser l’ordre du programme, le public, déjà déstabilisé en première partie par un Lied supplémentaire annoncé nulle part (Schumann, Lied der Suleika), peinant à s’y retrouver et n’applaudissant plus aux bons endroits. Quelques jolies raretés au demeurant : Les Hiboux de Déodat de Séverac, ou encore La Musique et La Mort des amants de Gustave Charpentier, voire des Fauré baudelairiens de derrière les fagots (Hymne, Chant d’automne). L’alliance du mot, de l’intonation poétique et du chant, autant de subtils dosages que Lemieux maîtrise à la perfection et qui culminent à mesure que le programme avance, dans un capiteux Jet d’eau de Debussy, et une Invitation au voyage de Duparc que tant le piano de Roger Vignoles que le timbre envoûtant de la voix baignent effectivement d’une chaude lumière.


Deux bis, annoncés par l’interprète d’une voix haut perchée, avec un accent canadien toujours délicieux. D’abord Mignon d’Ambroise Thomas, une façon particulière de concilier Goethe avec l’opéra, datée mais charmante. Et ensuite, en hommage à Léo Ferré, Le Flacon, âcre texte baudelairien où la voix de Lemieux se fait plus rocailleuse et expressionniste, sans renoncer pour autant à sa personnalité propre. Et puis la délicieuse dame toute ronde prend la main de son pianiste, tout maigre et so british, pour disparaître définitivement en coulisses. Coefficient de sympathie maximum, pour une soirée remplie à ras bords de bonheurs divers.



Laurent Barthel

 

 

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