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La danse et le chant

Baden-Baden
Festspielhaus
10/07/2017 -  et 8 octobre 2017
Le Chant de la terre
John Neumeier (chorégraphie, décors, costumes et lumières), Gustav Mahler (musique)
Hamburg Ballett
Klaus Florian Vogt (ténor), Benjamin Appl (baryton), Deutsche Radio-Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern, Simon Hewett (direction musicale)


(© Kiran West)


John Neumeier a chorégraphié toutes les Symphonies de Mahler à l’exception, et c’est peut-être significatif, des Deuxième et Huitième, plus spécifiquement vocales. Manquait aussi Le Chant de la terre, finalement un beau cadeau du maître au Ballet de l’Opéra national de Paris, qui l’a créé en février 2015 : globalement un succès, mais accueilli toutefois avec quelques réserves assez inhabituelles, du moins qui tranchaient avec le consensus suscité en général par les œuvres de Neumeier. A présent ce ballet vient d’être réacclimaté à Hambourg l’hiver dernier, appropriation par une troupe qui connaît l’idiome de Neumeier à la perfection et l’incarne donc avec une intelligence présumée encore supérieure. Pourtant une certain malaise demeure : l’impression d’une création parfaite, accomplie chorégraphiquement jusqu’au plus petit détail, mais dont le voisinage avec la poésie musicale de ces six Lieder chantés n’est pas toujours productif.


Pourtant l’art de l’anecdote orientalisante à peine esquissée (un peu de pavillon chinois, un peu de porcelaine, des pans de murs qui accrochent la lumière comme de somptueuses soieries) est suprême. Pourtant l’art d'animer une jeunesse de pulsions éternelles, sur une terre évoquée souvent par un petit podium recouvert de gazon que l’on fait glisser sur roulettes, de long en large, nous vaut de magiques ensembles, mais... Finalement c’est avec l’Abschied et ses mouvements chorégraphiques plus lents, voire la déréliction des derniers moments, avec ses attitudes erratiques qui se profilent à contre-jour, que la danse atteint enfin une vraie symbiose avec le texte mahlérien. Autre réserve : un Prologue sur des bribes musicales empruntées à l’œuvre et jouées au piano, avec là aussi un message chorégraphique très fort mais qui investit déjà trop d’émotion, avant l’entrée en matière des vrais musiciens, du coup presque en porte-à-faux.


Un véritable orchestre en fosse et les deux solistes de chaque côté, au bord du cadre de scène, derrière des pupitres sombres, c’est de toute façon un vrai luxe, même si la Deutsche Radio-Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern ne brille guère, voire fait assaut de timbres acides et criards, vraiment pas beaux du tout à certains moments. On a aussi connu Klaus Florian Vogt beaucoup plus à l’aise dans ces pages, qui l’obligent maintenant à maltraiter parfois la ligne, voire à chanter pas très juste. En vis-à-vis, Benjamin Appl semble davantage en position confortable, mais sans éclat particulier. Décidément la fusion attendue entre tous les acteurs de ce beau spectacle s’effectue mal, et c’est un peu frustrant. Reste la beauté de la danse et la magie d’un corps de ballet où il se passe toujours des milliers de choses passionnantes, a fortiori quand ce sont des danseurs du calibre d’Alexandr Trusch, Alexandre Riabko ou la gracile Xue Lin qui investissent le plateau. Mais ce n’est pas tout à fait assez.



Laurent Barthel

 

 

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