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Bon et nouveau départ pour le National

Paris
Maison de la radio
09/07/2017 -  
Anton Webern : Passacaille, opus 1
Richard Strauss : Quatre derniers lieder
César Franck : Symphonie en ré mineur

Ann Petersen (soprano)
Orchestre national de France, Emmanuel Krivine (direction)


E. Krivine (© Philippe Hurlin)


Un premier concert avec son orchestre en ouverture de saison, devant la ministre de la Culture, le directeur de l’Opéra, celui de l’Orchestre de Paris... c’est un défi. Emmanuel Krivine l’a brillamment relevé. Alors qu’on n’avait pas connu, depuis Jean Martinon, de chef français à la tête du National, il vient de ressusciter une certaine tradition. Il dirigeait pourtant Webern, Strauss et Franck. La Symphonie en ré mineur, justement, par la force de son architecture – et au delà de l’emprunt, pour le premier thème, à La Walkyrie – est souvent « germanisée », pour le pire ou le meilleur. Lui, au contraire, allège les textures, évite le pathos et, surtout, le didactisme dans la mise en valeur déjà très saillante des thèmes, en particulier lorsque vient développement de l’Allegro non troppo initial, préférant jouer sur la spécificité des sonorités du National – bois superbes, cordes d’une homogénéité qu’on ne leur connaît pas toujours. Le dosage dynamique est parfait, adapté à l’acoustique de l’Auditorium : aucune saturation sonore. L’Allegretto baigne dans une pénombre mystérieuse, la partie centrale enchante par la finesse des couleurs avant que le final, tout aussi rebelle à la boursouflure, confirme la pertinence d’une lecture qui concilie la clarté, la souplesse et la puissance. Et là où d’autres, impressionnés surtout par la structure de l’édifice, ne cherchent pas à voir comment la lumière y entre, Krivine crée des climats.


On l’a vu dès le début, dans une Passacaille de Webern où il n’a pas dissocié la forme de la couleur, à travers une approche à la fois expressionniste et limpide, jamais raidie par les retours du thème. Ici aussi il évite le didactisme, fait de ce premier opus un poème symphonique où l’on perçoit encore l’ombre de Mahler et les convulsions d’une fin-de-siècle aux parfums délétères. Ces parfums embaumaient la Salomé de Strauss : dans les Quatre derniers lieder, ils se sont raréfiés, effluves exhalant une sensualité subtile et crépusculaire, qui manque un peu ici au National. Ann Petersen, voix longue au médium charnu, n’est pas un de ces sopranos éthérés qu’on entend plus souvent. Pourquoi pas ? Quoi qu’il en soit, ce chant plus vibrant que frémissant pâtit d’un aigu instable, surtout dans les pianissimi, où on ne la sent pas totalement maîtresse de son émission. Bis capiteux en tout cas, avec un « Morgen » suspendu à un orchestre en apesanteur. Autre bis, français, en fin de concert, aux bois envoûtants : la Barcarolle des Contes d’Hoffmann, d’une souplesse chaloupée.


Kurt Masur, Daniele Gatti faisaient sonner le National autrement. Krivine renoue avec ses racines. Les musiciens, apparemment conquis, l’applaudissent beaucoup. Pourvu que ça dure...



Didier van Moere

 

 

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