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Exercices de style (2)

Le Mans
Sablé-sur-Sarthe (Centre culturel)
08/24/2017 -  
«Grande suite rocaille»
Jean-Baptiste Lully, Sébastien de Brossard & François Francœur : Cérémonie turque: entrée, marche, contredanse, marche
Michel Corrette : Airs à la mode: Au plaisir des Dames, la Turque, la Servante au bon tabac
Joseph Bodin de Boismortier : Sonates pour deux hautbois et basson (extraits)
Joseph Boulogne, chevalier de Saint Georges : Symphonie concertante à deux violons
François Rebel & François Francœur : Symphonies d’opéras: air pour les Asiatiques, air gracieux, air vif, air doux, gavotte, air pour les Egyptiens, air gay
Jean-Féry Rebel : Les Plaisirs champêtres
Jean-Marie Leclair & Jean-Baptiste Lully : Ballet final: chaconne, air pour les Sylvains, passacaille d’Armide

Guillaume Cuiller, Vincent Blanchard (hautbois), Nicolas André (basson), Varoujan Doneyan (violon)
Stradivaria, Daniel Cuiller (violon solo et direction)


(© Sébastien Gauthier)


A travers cette «Grande suite rocaille», ainsi nommée par référence au style artistique qui fit fureur sous la Régence, Daniel Cuiller (un des piliers du festival de Sablé depuis ses débuts) et son ensemble Stradivaria (qui fête cette année ses trente ans) invitèrent le public en cette fin d’après-midi à un voyage au travers de la musique française allant de la fin du XVIIe au début du XVIIIe siècle. Même si le programme était alléchant et Daniel Cuiller un excellent connaisseur de ces compositeurs parfois oubliés, on en ressortit avec une vraie déception tant l’ensemble nous aura paru terne et sans saveur.


Dès la Cérémonie turque inaugurale, débutée par la célébrissime «Entrée» composée par Lully, l’orchestre nous apparaît peu impliqué: un manque d’énergie, une absence de rythme, un côté rustique dans la reprise avec flûte piccolo et basson qu’on aurait aimé voir davantage accentué, une absence globale de couleurs qui donnèrent lieu à une interprétation des plus plates. Les solistes de l’ensemble Stradivaria se montrèrent sous un meilleur jour dans les airs de Michel Corrette même si, là encore, davantage d’espièglerie aurait été souhaitable; il en alla de même dans les échanges fort convenus entre les deux hautbois et le basson qui nous donnèrent quelques extraits de sonates de Boismortier, l’ouvrage sans grande imagination ne facilitant guère, il est vrai, l’audace des interprètes.


Si, à la faveur de quelques changements (d’effectifs, d’instruments puisque les archets baroques firent place aux archets droits, de style, le baroque faisant ici place au style proprement classique de Haydn ou Mozart...), la symphonie concertante du Chevalier de Saint-Georges nous offrit quelques bons moments en dépit de récurrents problèmes de justesse chez les solistes, les œuvres suivantes de Rebel et Francœur se révélèrent fort ennuyeuses. Ayant quitté son archet pour la seule direction de l’ensemble, usant d’une gestique assez originale (parfois grandiloquente, la main droite dirigeant souvent seule tandis qu’il colle la gauche dans son dos, avançant vers tel ou tel pupitre pour mieux le solliciter, sans que d’ailleurs ce dernier ne réponde véritablement...), Daniel Cuiller peine à porter l’ensemble. Même si le «Passepied» des Plaisirs champêtres fut agréable, on ne ressentit guère de caractérisation, ni d’implication de la part des musiciens, ceux-ci donnant souvent la fâcheuse impression de s’ennuyer, ce dont nous aurons confirmation dans deux des pièces conclusives où le génie de Lully (la «Passacaille» tirée d’Armide) éclata au grand jour, écrasant alors tous les autres le temps d’un concert.


Le site de l’ensemble Stradivaria et de Daniel Cuiller



Sébastien Gauthier

 

 

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