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Vibrant Titus

Salzburg
Felsenreitschule
07/27/2017 -  et 30 juillet, 4, 13, 17, 19*, 21 août 2017
Wolfgang Amadeus Mozart : La clemenza di Tito, K. 621
Russell Thomas (Tito Vespasiano), Golda Schultz (Vitellia), Christina Gansch (Servilia), Marianne Crebassa (Sesto), Jeanine De Bique (Annio), Willard White (Publio)
musicAeterna Choir of Perm Opera, Vitaly Polonsky (préparation), musicAeterna Orchestra of Perm Opera, Teodor Currentzis (direction musicale)
Peter Sellars (mise en scène), George Tsypin (décors), Robby Duiveman (costumes), James F. Ingalls (lumières), Antonio Cuenca Ruiz (dramaturgie)


(© Salzburger Festspiele/Ruth Walz)


La Clémence de Titus, qui a ouvert, le 27 juillet, l’édition 2017 du Festival de Salzbourg, restera comme un immense succès sur le plan musical et vocal, mais comme une (légère) déception sur le plan scénique. Immense succès dont le principal artisan est le chef Teodor Currentzis. Ses gesticulations et ses bonds dans la fosse sont un spectacle à eux seuls. Sa lecture fait souffler un vent nouveau sur la partition de Mozart et bouscule bien des habitudes dans la ville natale du compositeur : dynamique, théâtrale, contrastée à l’extrême, avec des accentuations rythmiques, des ruptures dramatiques, de longs silences entre les différents morceaux et des fulgurances sonores alternant avec une douceur infinie dans les passages les plus lyriques. Une lecture vivante et vibrante. Une lecture énergique et énergisante aussi, qui explique pourquoi les musiciens de l’ensemble musicAeterna (formation sur instruments d’époque créée par le chef) jouent souvent debout. Et à l’instar des musiciens, les choristes sont confondants d’engagement, de précision et de cohésion. On a l’impression d’écouter l’ouvrage pour la première fois. Bref, cette Clémence salzbourgeoise est synonyme de grand moment musical, que le public salue par des ovations à la fin du spectacle.


La distribution vocale est emmenée par Marianne Crebassa, qui incarne un Sesto tout simplement exceptionnel. Voix puissante et corsée, mais suffisamment malléable pour épouser toutes les couleurs et les nuances du rôle, parfaite technicienne dans les vocalises, la mezzo-soprano française est très investie dans son personnage. Le « Parto » qu’elle interprète sur scène avec le cor de basset (excellent Florian Schuele), sorte de double du héros, est le moment fort du spectacle, un moment de magie où le temps paraît suspendu et où la chanteuse se lance dans des imprécations puis des supplications, tour à tour bondissante puis recroquevillée sous le poids des remords, avant de se coucher pour enlacer l’instrumentiste qui joue sur le dos. Une page d’anthologie qui restera dans les annales du Festival de Salzbourg. On retiendra aussi la Servilia lumineuse de Christina Gansch. Le reste du plateau vocal n’atteint malheureusement pas les mêmes sommets. A commencer par le Titus de Russell Thomas, qui force constamment sa voix, malgré un chant expressif. Willard White est un Publio à l’allure noble, mais la voix est désormais laminée. Jeanine De Bique campe un Annio sensible, même si le timbre manque de consistance. Golda Schultz incarne une Vitellia sans grand relief ni ampleur.


Après son Saint-François d’Assise qui avait émerveillé Salzbourg en 1992, Peter Sellars retrouve la scène du Manège des Rochers, mais la réussite est en demi-teinte cette fois. Titus pardonne à ses ennemis, même à ceux qui ont attenté à sa vie, et le metteur en scène américain fait de l’empereur romain... Nelson Mandela, ce qui explique pourquoi la plupart des chanteurs du spectacle sont noirs. Titus/Mandela choisit Sesto et Servilia dans un camp de réfugiés, pour en faire des proches et leur offrir une nouvelle existence. Sesto fait ensuite exploser le Capitole à l’aide d’une ceinture d’explosifs, avant qu’une partie du plateau se couvre de petites bougies, de photos et de fleurs, mémorial comme on en trouve dans toutes les villes européennes ayant subi des attentats ces dernières années. Peter Sellars ne manque certes pas d’idées pour donner une résonance moderne au chef-d’œuvre de Mozart, mais la traduction scénique laisse le spectateur sur sa faim, avec un sentiment d’inabouti et de manque de cohérence. Mandela, les réfugiés, les terroristes…. On peine à saisir toutes les intentions du metteur en scène. Les récitatifs (qui ne seraient pas de Mozart) ont été coupés et remplacés par des pages de la Grande Messe en ut mineur, ce qui confère à ce Titus une dimension spirituelle. Et ce qui permet au chœur – excellent on l'a dit – d’avoir plus de pages à chanter.



Claudio Poloni

 

 

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