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Excellence et pauvreté

Paris
Salle Pleyel
07/07/2017 -  et 8, 9, 11, 12*, 15*, 16, 17, 18, 19, 20 juillet 2017

7, 8, 9, 11, 12* juillet
Giselle
Alicia Alonso (chorégraphie), Adolphe Adam (musique)
Ballet Nacional de Cuba


15*, 16, 17, 18, 19, 20 juillet
Don Quichotte
Alicia Alonso (chorégraphie), Ludwig Minkus (musique)
Ballet Nacional de Cuba


D. Hernández et A. Delgado dans Giselle (© Alfredo Cannatello)


Les deux spectacles, Giselle et Don Quichotte, donnés à Paris par le Ballet national de Cuba après son gala d’ouverture ont étés des soirées de bonheur et d’excellence.


Beaucoup de commentateurs ont insisté à l’occasion de cette tournée parisienne du Ballet national de Cuba sur la pauvreté des décors et costumes, l’archaïsme des éclairages et de la musique enregistrée du gala et des deux chorégraphies d’Alicia Alonso (sans compter souvent des commentaires peu flatteurs sur son travail de chorégraphe). Certes les décors sont faits de toiles peintes mais vont à l’essentiel, les costumes, en dehors de ceux des protagonistes principaux, ne ruissellent pas d’or et de pierreries mais ils caractérisent bien les personnages. Les spectateurs des ballets de capitales occidentales sont à cet égard très gâtés, chaque compagnie possédant des ateliers commun à leurs opéras mais il suffit d’aller dans des pays moins riches, voire dans les provinces françaises pour réaliser que l’habit ne fait pas le moine. Cuba est pauvre et n’a pas peur de le montrer et c’est tout à son honneur!


Pas de pauvreté cependant en matière de danse. Cela faisait bien longtemps que l’on avait applaudi sans réserve une compagnie qui peut se permettre d’afficher des étoiles (leurs primer(a) bailarín(a)) dans les premiers rôles, lesquels premiers peuvent se retrouver danser un rôle secondaire, voire une silhouette dans une autre distribution. Le Cuerpo de Baile est exceptionnel de discipline de sûreté et les primeras solistas assurent chaque petit rôle avec un aplomb extraordinaire. Le résultat est un spectacle parfait où rien ne traîne, ne dérape et sans aucun déséquilibre, chaque distribution n’étant jamais le fruit d’un choix hasardeux.


Sur Giselle que nous avions vu à Madrid, on ne reviendra que pour louer un autre couple que celui que nous avions vu. Autant Grettel Morejón et Rafael Quenedit brillaient par leur jeunesse, leur audace et leur grand avenir dans la carrière, autant Anette Delgado et Dani Hernández étaient des interprètes matures, infaillibles de Giselle et Albrecht, elle avec une grâce contrôlée, lui plus dans la retenue mais formant un couple parfait. Le garde-chasse Hilarion, dansé par Ernesto Díaz, primero bailarín de carácter, avait un relief étonnant. On notait que le rôle très secondaire de Wilfrid, porte-épée et ami d’Albrecht, était tenu par... Rafael Quenedit.



Y. Correa et Y. Carreno dans Don Quichotte (© Nancy Reyes)


Don Quichotte est aussi un ballet emblématique de cette compagnie et la chorégraphie d’Alicia Alonso va droit au but, donnant une grande importance aux scènes de genre, donc au corps de ballet. On a pu voir danser là encore un couple idéalement apparié formé par Yolanda Correa et Yoel Carreno merveilleux comédiens comme il sied aux rôles de Kitri et Basilio, se jouant sans faillir avec un naturel confondant et un sourire omniprésent des inhumaines difficultés de la chorégraphie. Toute l’équipe est à louer avec une mention particulière pour le couple de toréadors, Espada, Rafael Quenedit – encore! – et Mercedes, Claudia García.


Alicia Alonso, qui est venue saluer, portée comme un trophée par les deux solistes le soir de Giselle, peut être fière de cette compagnie d’excellence qu’elle a créée et qu’elle continue, soixante-dix ans après, à tenir d’une main de fer.



Olivier Brunel

 

 

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