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Fin de saison et tournée

Strasbourg
Palais de la Musique
06/22/2017 -  et 24 juin 2017
Béla Bartók : Concerto pour violon n° 2, Sz. 112
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Alina Ibragimova (violon)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)


A. Ibragimova (© E. Vermandel)


Fin de résidence strasbourgeoise pour la violoniste Alina Ibragimova, dans un type de concerto et de rapport de forces avec l’orchestre assez proche de la soirée d’ouverture de l’automne dernier : le Second Concerto de Chostakovitch en octobre, et à présent, pour prendre congé, le Second Concerto de Bartók. A chaque fois, il s’agit de partitions à investir à bras-le-corps, avec des réserves de puissance et une sûreté d’archet qui ne sont pas accordées à tout le monde. Silhouette fermement campée, partition ouverte mais simplement à titre de repère visuel occasionnel, Ibragimova impressionne par ses trajets rectilignes, qui vont directement à l’essentiel. Cette vigueur de ton, en alternance avec les blocs sonores déchaînés par Marko Letonja, rassure par sa fermeté d’intonation mais frustre parfois aussi par un certain déficit en poésie. On est bien loin ici, voire aux antipodes, des lectures profondément humanistes d’un Yehudi Menuhin, dialogues intimes avec le chef (prégnants quand il s’agissait d’un Furtwängler ou d’un Dorati), où passaient tous les fantômes d’époques troublées. Ici la priorité reste à la puissance des architectures sonores, mais tant la soliste que l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, impeccable à tous les niveaux, sont capables d’assumer cette abstraction en évitant toute impression d’ennui.


En partance pour une tournée de concerts en Corée du Sud, Marko Letonja et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg profitent de cet ultime apparition de la saison pour roder leur Symphonie fantastique, pièce de parade pour un orchestre français, encore qu’abordée ici de façon relativement atypique, avec moins d’idiomatisme que sous d’autres baguettes. Letonja appréhende ce romantisme turbulent d’une façon pas très différente de ce qu’il pourrait tirer d’un poème symphonique de Liszt ou d’une autre pièces à effets du répertoire romantique. L’aspect visionnaire voire un peu rugueux de cette musique est relativisé, au profit d’une lecture avant tout homogène et privilégiant l’avancée. Techniquement l’Orchestre philharmonique de Strasbourg s’en tire avec les honneurs, voire déploie une pâte sonore vraiment luxueuse (le «Bal» a beaucoup d’allure, avec ses quatre harpes qui donnent un grain particulier à l’ensemble), mais l'approche paraît quand même très organisée, un peu carencée en spontanéité. «Marche au supplice» et «Sabbat» sont toujours prévisibles, un peu trop bien «assis» rythmiquement (avec de véritables cloches en coulisse : cet équipement spécifique est d’ailleurs une vraie fierté strasbourgeoise). L’ensemble incite au respect mais n’arrache pas l’auditeur de son fauteuil. Mais peut-être tout cela va-t-il encore progresser en aisance au fil de la tournée...


Deux bis exceptionnels, là encore en prévision du voyage : l’Adagietto de L’Arlésienne de Bizet, pour cordes seules, effectif réduit qui laisse entrevoir d’emblée que l’orchestre ne s’en tiendra pas là, et ensuite l’effectif complet dans une roborative «Navarraise» extraite du Cid de Massenet.



Laurent Barthel

 

 

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