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L’évidence du chant

Baden-Baden
Festspielhaus
05/14/2017 -  
Joseph Martin Kraus : Aeneas i Carthago, VB 23: Ouverture et Suite de ballet
Wolfgang Amadeus Mozart : Basta vincesti... Ah non lasciarmi, no, K. 295a [486a] – Alma grande e nobil core, K. 578 – Bella mia fiamma, addio... Resta o cara, K. 528
Ludwig van Beethoven : Ah perfido!, opus 65 – Symphonie n° 1 en do majeur, opus 21

Sophie Karthäuser (soprano)
Helsingin Barokkiorkesteri, René Jacobs (direction)


S. Karthäuser, R. Jacobs (© Seifert)


L’Orchestre baroque d’Helsinki, que l’on découvre bien loin ici d’une Finlande dont il a tendance à s’absenter souvent, a quelques beaux atouts à faire valoir dans le domaine de la musique sur instruments d’époque, en particulier du fait d’une sûreté technique peu commune. L’espace acoustique du Festspielhaus de Baden-Baden est investi de façon sécurisante par cette formation de chambre relativement étoffée, dont les forte parviennent à concilier l’anorexie naturelle du sans vibrato avec une ampleur cependant généreuse. On doute cependant que la Première Symphonie de Beethoven, même encore très haydnienne d’allure, puisse se contenter de couleurs de cuivres aussi peu homogènes, même si séparément chaque pupitre évite soigneusement toute note ratée. Beethoven en sort un peu chlorotique et crachotant. On peut trouver cela d’une fragilité humaine passionnante, ou encore penser que le titan, même observé en pleine poussée de croissance, en sort amoindri.


Aucun problème d’adéquation en revanche pour la Suite de ballet extraite d’Enée à Carthage de Joseph Martin Kraus, musicien d’essence très mozartienne, qui exerça ses talents à la cour de Suède, au service d’un Gustave III dont l’assassinat au cours d’un bal masqué interrompit brutalement son service. La saveur colorée des différents pupitres fait merveille dans cette musique décorative, qui culmine dans un orage baroque richement orchestré. René Jacobs baigne ici dans son répertoire d’élection, son souci du détail voire de l’insolite judicieusement amené ne perturbant jamais durablement un discours dont l’avancée reste le souci majeur.


Mais le coeur palpitant de ce beau concert, c’est clairement Sophie Karthäuser qui nous l’offre. Quatre airs de concert de Mozart (si l’on compte le ravissant Nehmt meinen Dank, ihr holden Gönner! (K. 383), donné en bis) qu’elle détaille en ne perdant jamais de vue qu’il s’agit majoritairement de scènes extrêmement dramatiques, découpées à l’emporte-pièce certes, mais où il faut d’emblée un climat de forte tension. Les moyens de la soprano belge ne sont pas immenses mais son timbre, toujours miraculeusement beau et lumineux, franchit l’orchestre sans difficulté. On se demande d’ailleurs comment les ingénieurs du son procèdent pour massacrer aussi régulièrement cette projection au disque, mais là c’est une autre histoire. Les mots sont délicieusement ourlés, une sensibilité vibrante affleure partout, René Jacobs enrobe cela de vents qui palpitent en filigrane... On en oublierait presque Ah perfido! de Beethoven, dont l’écriture très tendue appelle probablement des moyens plus dramatiques, mais dont Karthäuser triomphe pourtant avec une belle assurance. Bref, de merveilleux moments, délivrés par une mozartienne d’exception dont on peut s’étonner que la carrière, surtout à ce stade d’apogée des moyens, ne bénéficie pas de davantage de notoriété.



Laurent Barthel

 

 

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