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Louis XIV, le mal nommé Versailles Jardins de l’Orangerie 06/30/2017 - Marc-Antoine Charpentier : Marches pour les trompettes (extraits), H. 547 – Te Deum, H. 146: Prélude
Georg Friedrich Händel : Water Music: Suites I en fa, HWV 348 et II en ré, HWV 349 – Music for the Royal Fireworks, HWV 351 Le Concert Spirituel, Hervé Niquet (direction)
Spectacle pyrotechnique: Jeff Yelnik (conception et direction), Jonas Bidault (direction technique), Christophe Berthonneau (direction artistique)
(© Sébastien Gauthier)
Une fois n’est pas coutume, le concert qui avait lieu ce soir à Versailles ne nécessitait pas de traverser la place d’Armes pour rejoindre la Chapelle royale, la galerie des Glaces ou l’Opéra royal situé dans l’aile nord du château... Il fallait au contraire «s’enfoncer» quelque peu dans les rues environnantes pour rejoindre l’Orangerie, où se tenait le premier concert de la série dite des «Nuits de l’Orangerie», le spectacle consacré à «Louis XIV, le Roi de feu» devant pour sa part avoir lieu les 6, 7, 12 et 14 juillet prochain.
Le concert, donné en plein air, permettait au public installé sur de nombreux gradins faisant face aux jardins de l’Orangerie d’entendre Le Concert Spirituel principalement dans les chefs-d’œuvre de Händel que sont la Water Music et la Musique pour les feux d’artifice royaux. Malheureusement, le Roi-Soleil portait mal son surnom ce soir puisque le sol détrempé des jardins témoignait des pluies importantes du jour, le soleil presque crépusculaire étant de nouveau encadré par de lourds nuages qui conduisirent à une forte réduction du programme. Exeunt donc les extraits des Concerti grossi n° 4 et n° 5 du même Händel ainsi que la Troisième Suite en sol de la Water Music, au point que l’entracte fut également supprimé, le spectacle de deux heures perdant ainsi plus d’une heure sur son déroulement prévisionnel, ce qui ne manqua pas de susciter quelques bruits de protestation de la part du public lorsque l’orchestre leva le camp à la fin du second Menuet de la Musique pour les feux d’artifice royaux.
Toujours est-il que Le Concert Spirituel se donna à fond, sous la direction toujours aussi fantasque (et pour l’occasion un peu grandiloquente) d’Hervé Niquet! Il faut dire que, dès les Marches de Charpentier, les dix trompettes sonnaient on ne peut mieux, épaulées par quantité de vents (dix-huit musiciens jouant soit du hautbois, soit de la flûte, auxquels on doit ajouter cinq bassons) et trois jeux de timbales, les cordes étant également de la partie. La Water Music fut assez enthousiasmante en dépit de quelques décalages entre cordes et vents dans l’Ouverture et d’une justesse parfois aléatoire des cuivres. Mais comment ne pas frissonner en entendant et surtout en voyant ces neuf cors naturels aux pavillons dressés répondre aux neuf trompettes (là aussi, pavillons fièrement arborés) qui leur faisaient face de part et d’autre de l’orchestre où intervenaient notamment cette fois-ci quatorze hautbois, six bassons et deux contrebassons? La dynamique des cuivres précédant les tutti fut entraînante à souhait, notamment dans le premier Allegro du troisième mouvement de la Première Suite, les cordes sachant également faire montre de toute leur cohésion dans l’Andante central.
Après un bref raccord, la partie consacrée à la Musique pour les feux d’artifice royaux offrait un spectacle qui était autant sur scène que derrière elle puisque chaque mouvement donna lieu à divers jeux de lumières, de torchères (disposées de chaque côté du bassin circulaire) et de feux d’artifice dont les bouquets et éclats répondaient à la musique dans une synchronisation millimétrée. L’Allegro de l’Ouverture fut ainsi extrêmement brillant, l’enthousiasme des musiciens prenant parfois le pas là encore sur la justesse et la mise en place mais c’est très bien ainsi, l’objet du spectacle relevant davantage du divertissement dans son acception la plus noble que du concert «classique». Si les timbales (trois jeux pourtant) n’étaient pas assez puissantes dans «La Réjouissance», on ne peut que saluer l’impressionnant pupitre de hautbois (sous la houlette d’Héloïse Gaillard, premier hautbois de l’ensemble) qui participa pleinement à la réussite de la fête.
La soirée s’acheva alors que le jour n’avait pas encore totalement disparu et qu’en fin de compte, aucune goutte de pluie n’avait fait son apparition... Le public pourra de nouveau apprécier les feux d’artifice sur le château à l’occasion des Grandes eaux nocturnes qui se déroulent chaque samedi jusqu’au 16 septembre prochain, bon moyen pour tout un chacun de prolonger la féerie des lieux.
Le site du Concert Spirituel
Le site des spectacles du Château de Versailles
Sébastien Gauthier
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