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Victor Pablo Pérez et l’exploit des neuf Neuvièmes

Madrid
Auditorio Nacional
06/24/2017 -  
11 heures
Joseph Haydn : Symphonie n° 9
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9, opus 125

Raquel Lojendio (soprano), Marina Rodríguez Cusí (mezzo), Gustavo Pena (ténor), David Menéndez (baryton)
Coro Nacional de Espana, Orquesta Sinfónica de Madrid, Victor Pablo Pérez (direction)


13 heures 30
Ramón Garay : Symphonie n° 9
Franz Schubert : Symphonie n° 9, D. 944

Orquesta de la Comunidad de Madrid, Victor Pablo Pérez (direction)


17 heures
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 9, K. 75a [73]
Anton Bruckner : Symphonie n° 9

Orquesta Sinfónica de RTVE, Victor Pablo Pérez (direction)


19 heures 30
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 9, opus 70
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 «Z nového světa», opus 95

Orquesta Nacional de Espana, Victor Pablo Pérez (direction)


22 heures 30
Gustav Mahler: Symphonie n° 9
Joven Orquesta Nacional de Espana, Victor Pablo Pérez (direction)


V. P. Pérez et le Jeune Orchestre national d’Espagne
(© Rafa Martín/CNDM)



Cinq concerts; neuf symphonies (la Neuvième de neuf compositeurs); un seul chef, Victor Pablo Pérez; cinq orchestres différents. Le premier concert a débuté à 11 heures; le cinquième s’est achevé quelques minutes après minuit. Pas d’erreur car c’est bien ainsi que les événements se sont déroulés, avec des fanfares sur des thèmes symphoniques, avant le premier concert, par les cuivres du Jeune Orchestre. L’Auditorio Nacional, presque trente ans d’existence, était autrefois connu comme une sorte de forteresse inaccessible, y compris parfois pour des artistes et solistes qui n’y étaient pas admis. Mais ce samedi, on pouvait y trouver des copains, boire un coup, déguster des produits de la terre (et même de plusieurs terres), et aussi entendre neuf Symphonies n° 9. Cela, bien sûr, dans la salle symphonique, car dans la salle de musique de chambre étaient données les neuf symphonies de Beethoven dans les transcriptions de Liszt.


Les media, qui boudent la musique classique (pas l’opéra, cela fait chic), ont parlé de cette journée phénoménale, aussi bien avant qu’après sa célébration. L’admiration a été unanime, et il faut également mentionner le prix modique de ces concerts, résultat d’une collaboration entre plusieurs institutions, conçue et exécutée par le Centre national pour la diffusion de la musique (CNDM) du ministère de l’éducation, de la culture et du sport. Il y a bien eu une petite tentative de relativiser, voire de dénoncer cette sorte de «cirque», mais ce fut seulement à l’instigation de media bien connus par leur dédain pour les concerts de la saison. Malheureusement, cette tentative est restée sans lendemain – hélas! Car on a besoin d’un peu de polémique, de discussion, même avec ceux qui font semblant d’être élitistes. Mais le succès de ce «cirque» a été total. Que faire, dès lors? Avouer qu’on s’est trompé, que cette journée est allée au-delà du cirque, et même au-delà de la musique, à une époque où il faut absolument trouver de nouveaux publics?


La succession de ces concerts pendant toute une journée suffit donc déjà à alimenter une chronique. Mais que dire si, en outre, ils ont réservé des moments magiques, et offert des concerts entièrement réussis, comme celui de l’Orchestre National, dont la relation avec le maestro a été intime, intense, comme jamais auparavant? Quelle Neuvième de Chostakovitch, quelle subtilité dans l’équilibre entre raillerie et fausse joie! Mais aussi Dvorák: sa Neuvième est tellement connue qu’on ne pouvait pas en attendre une version comme celle-là. Et le Jeune Orchestre! Victor Pablo Pérez a peut-être préféré refermer la grande fête avec Mahler et le Jeune Orchestre national d’Espagne parce qu’il a bénéficié d’un régime de répétitions plus long et plus souple. Mais il serait injuste de ne pas mentionner les prestations des autres orchestres, comme l’Orchestre de la Communauté de Madrid, dont Victor Pablo Pérez est le directeur musical, avec un Schubert de haut niveau et une trouvaille, la symphonie de Ramón Garay (1761-1823), compositeur des Asturies dont l’ensemble des symphonies est tout à fait classique, haydnien (il en existe un enregistrement intégral, sous la direction de José Luis Temes, Orchestre de Cordoue, Verso), et il me semble qu’on ne les a jamais jouées, parce qu’il était un compositeur de musique sacrée pour la cathédrale de Jaen. Ou la formidable prestation du Chœur national d’Espagne dans Beethoven avec l’Orchestre symphonique de Madrid, la formation titulaire au Teatro Real. Mais on ne peut pas oublier le raffinement du tout jeune Mozart et le testament de Bruckner, joué avec une grande élévation artistique par l’Orchestre de la Radiotélévision. Un très bon niveau général et des mouvements de référence, voire des symphonies entières de référence.


Victor Pablo Pérez a douté et hésité avant d’accepter cette commande venue d’Antonio Moral, directeur du CNDM, toujours hardi et risqué. Victor Pablo Pérez est un artiste: il était nécessaire de douter du projet, de douter de lui-même, dans la mesure où cela exigeait en outre un athlète. Il a finalement accepté, et on peut maintenant penser qu’il en est particulièrement satisfait. Il a réussi, il a été le héros de cette journée, assurément grâce à un soutien artistique et technique efficace. Cette journée, pas du tout folle cette fois-ci, a consacré ce chef de 63 ans à l’apparence éternellement jeune. On se rendait le matin à ces concerts en se disant: «Quelle prouesse!» Et on s’en va la nuit venue en s’exclamant: «Quel artiste!»


La page des «Nueve Novenas» sur le site du Centre national pour la diffusion de la musique



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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