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Profession chorégraphe ?

Paris
Palais Garnier
06/13/2017 -  et 15, 16, 18* juin 2017

Renaissance (création)

Sébastien Bertaud (chorégraphie), Felix Mendelssohn (musique)
Balmain/Olivier Rousteing (costumes), Madjid Hakimi (lumières)


The Little Match Girl Passion (création)
Simon Valastro (chorégraphie, décors), David Lang (musique)
Chanteurs de l’Académie de l’Opéra: Farrah El Dibany, Juan de Dios Mateos, Adriana Gonzalez, Vladimir Kapshuk – Nicolas Lamothe, Jean-Baptiste Leclère (percussions), Yoan Hereau (direction musicale)
Dominique Gay (costumes), Madjid Hakimi (lumières)


Undoing World (création)
Bruno Bouché (chorégraphie), Nicolas Worms (musique)
The Klezmatics
Agathe Poupeney (scénographie), Xavier Ronze (costumes), Madjid Hakimi (lumières)


Sept mètres et demi au-dessus des montagnes (création)
Nicolas Paul (chorégraphie, scénographie), Josquin Desprez (musique)
Bernard Connan (costumes), Madjid Hakimi (lumières)
Ballet de l’Opéra national de Paris


N. Paul, B. Bouché, S. Valastro, S. Bertaud
(© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)



Tout au long de la saison du Ballet de l’Opéra de Paris (BOP) on aura pu goûter aux fruits semés par son directeur de la danse démissionnaire, Benjamin Millepied: entrée de chorégraphes américains au répertoire, enrichissement du fonds balanchinien du Ballet et à présent le projet de l’Académie du Ballet pour la formation des jeunes danseurs chorégraphes, qui restera sans lendemain, «... mis en stand-by...» par Aurélie Dupont, «... la priorité étant de faire danser les danseurs...» (Le Figaro du 10 juin 2017).


Et pourtant, le résultat est plus que convaincant, donnant naissance à une formidable et copieuse soirée, programmée pendant une semaine au Palais Garnier, à laquelle se pressait un public jeune et enthousiaste. Il faut dire que grâce au chèque en blanc qui leur avait été donné, qu’ils ne retrouveront peut-être pas aussi facilement dans un futur immédiat, quatre danseurs, tous de la même génération, entrés dans la compagnie à l’orée du XXIe siècle, Sébastien Bertaud, Bruno Bouché, Nicolas Paul et Simon Valastro, ont eu carte blanche pour les moyens techniques, le choix des danseurs et la logistique qui va avec, afin de créer une pièce de format intermédiaire, soit trente minutes. Tous les quatre ont déjà un bagage chorégraphique. Nicolas Paul, Sébastien Bertaud et Simon Valastro ont déjà vu leurs chorégraphies dansées dans la maison. Des quatre, Bruno Bouché est celui qui est le plus engagé dans le parcours, ayant fondé très tôt avec d’autres danseurs de la compagnie un groupe chorégraphique. Il vient d’être nommé directeur artistique du Ballet de l’Opéra du Rhin et quittera le BOP à la fin de la saison.


Pas question de départager ces quatre candidats à un futur chorégraphique tant le projet de chacun est déjà si abouti et donne à voir au travers d’influences, de modèles ou de péchés de jeunesse, une grande personnalité et l’authenticité du geste chorégraphique. La soirée s’ouvre dans la tradition du Palais Garnier: scène vide avec en fond le foyer de la danse illuminé et un miroir qui réfléchit la salle. Sébastien Bertaud, avec Renaissance, revendique le classicisme: sur le Second Concerto pour violon de Mendelssohn, il a tissé une pièce néoclassique quasi balanchinienne, avec ses figures académiques, de très belles envolées sur les soli et cadences et, parmi une distribution de très haut niveau, la formidable percée du jeune coryphée Pablo Legasa. Les costumes brodés Balmain réalisés par Olivier Rousteing, styliste des stars de la pop, ajoutaient un glamour certain à cette pièce scintillante. L’excellent choix de Simon Valastro pour sa Little Match Girl Passion est celui d’une œuvre vocale de David Lang interprétée par quatre chanteurs de l’Académie de l’Opéra de Paris qui se mêlaient à l’action. Sa chorégraphie spectaculaire raconte le conte d’Andersen vu au travers du spectre de la Passion du Christ comme l’y invite la partition. Eleonora Abbagnato, Marie-Agnès Gillot et Alessio Carbone, trois étoiles, s’emparent de ce récit auquel ils donnent une vraie force narrative.


La seconde partie de la soirée tranchait avec deux chorégraphies «choc». Undoing World de Bruno Bouché mise sur une scénographie élaborée (Agathe Poupeney) et une musique originale (création de Nicolas Worms jouée par The Klezmatics) mixée à un cours de Gilles Deleuze sur Spinoza. Le propos n’est pas sans connotation actuelle sur les flux migratoires Sa chorégraphie mêle quelques très beaux soli (Marion Barbeau, Aurélien Houette) à des mouvements de foule magnifiquement réglés. Nicolas Paul, dans Sept mètres et demi au-dessus des montagnes, flirte avec la vidéo (Jean-Christophe Guerri) et mise sur le choc culturel d’une musique austère, des Motets de Josquin Desprez, avec la thématique du Déluge et de très beaux mouvements dans un flux linéaire incessant de danseurs.


On aurait aimé en conclusion souhaiter longue vie à ce projet qui s’apparente plus au futur d’une étoile filante.



Olivier Brunel

 

 

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