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La résurrection de Fernand de La Tombelle

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
06/12/2017 -  
Fernand de La Tombelle : Fantaisie pour piano et orchestre (réduction pour piano et quintette à cordes) – Des après-midis sous les arbres (extraits)
Gabriel Fauré : Quintette avec piano n° 2, opus 115

Jean-Frédéric Neuburger (piano), Yann Dubost (contrebasse), Quatuor Strada: Pierre Fouchenneret, Sarah Nemtanu (violon), Lise Berthaud (alto), François Salque (violoncelle)


F. de La Tombelle


Le riche baron se partage entre son hôtel particulier parisien et son château du Périgord, où son père fut assassiné à coups de hache. Le milieu musical le connaît bien : Fernand de La Tombelle (1854-1928), né exactement un mois après Janácek et mort un jour après lui, a été l’élève de Théodore Dubois et d’Alexandre Guilmant, enseigne pendant dix ans à la Schola Cantorum, qu’il a contribué à fonder, est un des piliers de la Société des compositeurs de musique. Une figure de la vie musicale du dix-neuvième siècle finissant, éclipsée aujourd’hui par les Saint-Saëns, Chausson, Fauré, d’Indy et tant d’autres, surtout connu des organistes et des spécialistes de musique religieuse. Il a pourtant abordé tous les genres, écrit pour toutes les formations – sans jamais, sauf erreur, s’attaquer à l’opéra.


La Tombelle ressuscite enfin, sous les auspices du Palazzetto Bru Zane. Après avoir soutenu l’enregistrement de son Trio avec piano et de son Quatuor à cordes (très beau disque Ligia), le Centre de musique romantique française vient de confier à Tassis Christoyannis et Jeff Cohen un tout aussi remarquable disque de mélodies (Aparté). Il l’a également placé au cœur de son festival vénitien, il lui consacre la quatrième manifestation de son cinquième festival parisien, avec une soirée aux Bouffes du Nord, aux côtés de Fauré.


Voisinage éloquent. La réduction pour piano et quintette à cordes de la Fantaisie pour piano et orchestre (1887) le montre d’emblée plus proche de Saint-Saëns, moins novateur que le compositeur de La Bonne Chanson, adoptant aussi le principe cyclique cher aux franckistes – la fa mineur ne rappelle-t-il pas un certain Quintette ? Le clavier brille comme dans un concerto, mais l’écriture est solide et serrée : La Tombelle ne bavarde jamais, fort d’un métier sûr et d’une authentique inspiration, qui légitiment tout à fait la démarche du Centre de musique romantique française. Non moins inspirée est l’interprétation : Jean-Frédéric Neuburger et le Quatuor Strada, avec Yann Dubost à la contrebasse, sont à l’unisson dans la ferveur, magnifiques par l’homogénéité de la sonorité et la diversité des couleurs – les archets recréant à leur façon l’orchestre originel.


Les extraits de Des après-midis sous les arbres (1921) sont autant de « pièces pittoresques » ou de « feuillets d’album », tels que les aimait l’époque, où La Tombelle se souvient volontiers de Mendelssohn ou de Schumann – dans l’esprit et dans le traitement du clavier : « Vol de libellules », par exemple pourrait être une Romance sans paroles. Mais il va au-delà de la musique de salon, alors qu’il destine chaque morceau à des dames de son entourage, par son art de l’évocation. Rien de plus difficile pour un pianiste que ce genre de morceau, qu’il faut ennoblir et habiter. On n’avait rien à craindre de Jean-Frédéric Neuburger – n’avait-il pas réussi à nous faire écouter L’Art de délier les doigts de Czerny ? Il semble chaque fois nous raconter quelque chose, retrouvant l’esprit rhapsodique de chaque page, à la fois narrateur et coloriste. On a hâte de découvrir d’autres partitions de La Tombelle.


Magnifique Second Quintette de Fauré pour finir, rigoureusement construit et pourtant plein de feu, avec un Scherzo éblouissant de légèreté et un Andante à l’intensité poignante.



Didier van Moere

 

 

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