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Fin de saison, pas fin de série

Marseille
Opéra
06/08/2017 -  & 11, 14, 17 juin 2017
Giuseppe Verdi: Don Carlo
Yolanda Auyanet (Elisabetta di Valois), Sonia Ganassi (Principessa Eboli), Carine Sechaye (Tebaldo), Anaïs Constans (une voix céleste), Teodor Ilincai (Don Carlo), Nicolas Courjal (Filippo il secondo), Jean-François Lapointe (Rodrigo, Marchese di Posa), Wojtek Smilek (le Grand Inquisiteur), Patrick Bolleire (un moine), Eric Vigneau (Conte di Lerma), Guy Bonfiglio, Lionel Delbruyere, Jean-Marie Delpas, Alain Herriau, Anas Seguin, Michel Vaissière (députés flamands), Camille Tresmontant (un Araldo)
Orchestre et chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef du chœur), Lawrence Foster (direction musicale)
Charles Roubaud (mise en scène), Emmanuelle Favre (scénographie), Katia Duflot (costumes), Marc Delamézière (lumières), Virgile Koering (vidéos)


Y. Auyanet & T. Ilincai (© Christian Dresse)


L’Opéra de Marseille termine la saison avec un Don Carlo de grande qualité, présenté dans sa version milanaise en quatre actes. Seule subsiste de l’Acte I de la version originale parisienne en cinq actes la romance de Don Carlo placée ici dans le tableau de San Yuste.


Sur fond d’affrontements entre trône et autel, entre libéralisme et autorité, la mise en scène stylée de Charles Roubaud, un habitué de la scène marseillaise, résout habilement les équations psychologiques posées par les protagonistes. Le décor est stylisé et les projections vidéo de Virgile Koering soulignent l’atmosphère des lieux dans lesquels elle se déroule de façon saisissante. Charles Roubaud excelle, on le sait, dans les scènes peuplées et le tableau de l’autodafé s’inscrit dans la ligne de ses plus belles réussites. Les costumes de Katia Duflot ne manquent pas d’allure non plus.


Dans le rôle plutôt ingrat de Don Carlo, le Roumain Teodor Ilincai fait une prestation honnête. Sa voix stentorienne dessert la légèreté quasi donizettienne attendue dans « Io la vidi e il suo sorriso... ». En revanche, la vaillance nécessaire pour le tableau de Notre-Dame d’Atocha est bel et bien là. On aurait pu souhaiter, néanmoins, un sens des nuances plus affirmé. Nicolas Courjal a l’envergure du rôle de Philippe II. Son incarnation a la juste intériorité mais les couleurs vocales manquent d’éclat et cette tessiture tendue semble parfois gêner le chanteur. Son « Ella giammai m’amò... », morceau d’anthologie du répertoire italien, est de bonne facture; la voix est puissante mais le chant rugueux. En solide baryton, Jean-François Lapointe confère à Rodrigo tout le panache et la sincérité requis: engagement, souplesse, et légèreté. Wojtek Smilek est un Grand Inquisiteur qui manque de charisme. Sa voix n’a pas la noirceur, ni le volume qui devraient donner au personnage son caractère effrayant. Pour ses débuts in loco, Yolanda Auyanet en Elisabetta signe un « Tu che le vanità... » qui possède l’autorité « royale », à défaut de puissance. Les graves sont bien assis et sonores et les notes filées joliment suspendues. Cette prise de rôle est très encourageante et sera sans nul doute peaufinée au fil du temps. La mezzo-soprano italienne Sonia Ganassi aborde Eboli avec une belle assurance, peu impressionnée, semble-t-il, par ce rôle redoutable écrit, pour le début, pour une Azucena et, pour la fin, pour une Leonora. Elle reçoit, pour un « O don fatale... » à la hauteur des exigences, des applaudissements nourris et mérités.


La distribution vocale est très honorablement complétée par Carine Sechaye (Tebaldo), Anaïs Constans (une voix céleste), Patrick Bolleire (un moine), Guy Bonfiglio, Lionel Delbruyere, Jean-Marie Delpas, Alain Herriau, Anas Seguin, Michel Vaissière (députés flamands), Camille Tresmontant (un Araldo).


Lawrence Foster fait preuve d’une grande maîtrise de cette partition si dense. Il la dirige avec mordant et intensité, pas seulement de manière analytique, mais également avec un sens évident de la démesure de cet opéra, de sa formidable atmosphère et de ses clairs-obscurs. L’exécution du prélude du « Ella giammai m’amò » de Philippe II et son accompagnement au violoncelle sous l’archet de Xavier Chatillon sont parmi les plus beaux moments que l’orchestre nous a offerts hier soir. Le chœur de l’opéra est également tout à fait à la hauteur.



Christian Dalzon

 

 

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