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Homme ou femme, telle est la question

Salzburg
Haus für Mozart
06/02/2017 -  et 5* juin, 16, 18, 22, 25, 28 août 2017
Georg Friedrich Händel : Ariodante, HWV 33
Nathan Berg (Le Roi d’Ecosse), Cecilia Bartoli (Ariodante), Kathryn Lewek (Ginevra), Norman Reinhardt (Lurcanio), Christophe Dumaux (Polinesso), Sandrine Piau (Dalinda), Kristofer Lundin (Odoardo)
Salzburger Bachchor, Alois Glassner (préparation), Les Musiciens du Prince – Monaco, Gianluca Capuano (direction musicale)
Christof Loy (mise en scène), Johannes Leiacker (décors), Ursula Renzenbrink (costumes), Roland Edrich (lumières), Andreas Heise (chorégraphie), Klaus Bertisch (dramaturgie)


C. Bartoli (© Salzburger Festspiele/Monika Rittershaus)


Cecilia Bartoli avait tellement apprécié le travail avec Christof Loy pour Alcina à Zurich en janvier 2014 qu’elle a décidé d’inviter le metteur en scène allemand au Festival de Pentecôte de Salzbourg, dont elle est la directrice artistique depuis 2012. Le résultat de cette nouvelle collaboration ? Une superbe production d’Ariodante, qui renouvelle le triomphe de l’Alcina zurichoise. La célèbre chanteuse n’avait encore jamais interprété de rôle de travesti. Fort de ce constat, Christof Loy a conçu le chef-d’œuvre de Händel comme une recherche de l’identité : le héros est-il un homme ou une femme ? Avant le début de chaque acte, on entend un enregistrement de Cecilia Bartoli lisant des extraits d’Orlando de Virginia Woolf : le protagoniste, figure androgyne par excellence, change de sexe pour devenir femme. Durant la première partie du spectacle, Ariodante est un homme, guerrier couvert d’exploits, amoureux de Ginevra, qu’il est sur le point d’épouser. Pour l’incarner, Cecilia Bartoli porte une cuirasse puis un pantalon, et a une barbe qui lui donne un petit air de Conchita Wurst. Revirement de situation après le piège tendu par Polinesso : Ariodante est en proie au doute, il hésite, se sent vulnérable et révèle sa part de féminité, la chanteuse étant alors en robe, les cheveux détachés et sans plus de trace de barbe. A noter que l’œuvre est jouée dans sa version intégrale, avec l’ensemble des musiques de ballet : les danseurs sont tous masculins, mais certains sont habillés en femme. Le regard que pose Christof Loy est cohérent de bout en bout, intelligent et sensible.


La réussite de la mise en scène se double d’une distribution vocale exceptionnelle. On ne saurait rêver mieux pour Ariodante. A commencer par Cecilia Bartoli dans le rôle-titre, qui est inégalable dans les lamentations des « ariosi », chantés tout en douceur, dans un souffle de voix parfois à peine audible. L’un des moments forts de la soirée restera l’air qu’elle chante ivre, révélant des talents de comédienne insoupçonnés. La Ginevra de Kathryn Lewek est une révélation : timbre cristallin et lumineux, voix puissante, vocalises superbement assurées, à n’en pas douter cette jeune chanteuse fera parler d’elle. Le reste de la distribution est à l’avenant, avec notamment le superbe Polinesso de Christophe Dumaux, cynique à souhait, avec des aigus métalliques et un timbre charnu, ainsi que la Dalinda particulièrement expressive et engagée de Sandrine Piau, à la voix corsée et bien projetée. Norman Reinhardt incarne, pour sa part, un Lurcanio austère et élégant. Dans la fosse, Les Musiciens du Prince, placés sous la direction de Gianluca Capuano, offrent une lecture raffinée mais aussi contrastée et dynamique de la partition. Cette magnifique production d’Ariodante sera reprise cet été.



Claudio Poloni

 

 

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