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De l’histoire et des voix Roma
Teatro Costanzi
04/21/2017 - et 23, 26, 28, 30 avril, 2* mai 2017
Umberto Giordano : Andrea Chénier
Gregory Kunde (Andrea Chénier), Roberto Frontali (Charles Gérard), María José Siri (Madeleine de Coigny), Natascha Petrinsky (Bersi), Anna Malavasi (La comtesse de Coigny), Elena Zilio (Madelon), Duccio Dal Monte (Roucher), Graziano Dallavalle (Le poète Pierre Fléville, Fouquier-Tinville), Gevorg Hakobyan (Le sans-culotte Mathieu), Luca Casalin (Un incroyable), Andrea Giovannini (L’abbé), Timofei Baranov (Schmidt, Le majordome, Dumas), Martina Quintiliani/Alice Amorotti*/Anna Rita Maestri*/Chiara Maurelli* (Daphné), Filippo Terrinoni/Nicola Di Vico* (Apollon)
Coro del Teatro dell’Opera di Roma, Roberto Gabbiani (chef de chœur), Orchestra del Teatro dell’Opera di Roma, Roberto Abbado/Pietro Rizzo* (direction musicale)
Marco Bellochio (mise en scène), Gianni Carluccio (décors et lumières), Daria Calvelli (costumes), Massimiliano Volpini (mouvements chorégraphiques)
Moins présent sur nos scènes aujourd’hui, Umberto Giordano est passé à la postérité avec son Andrea Chénier, fresque historique relatant l’ultime amour et les derniers jours du poète français, sacrifié par la Terreur. Si la reconstitution fidèle ne relève plus tout à fait du goût du jour, et constitue souvent une entreprise vaine qui finit dans le pastiche, sinon le kitsch, la production confiée par l’Opéra de Rome – en partenariat avec la Fenice de Venise – à Marco Bellochio mêle habilement l’évocation d’une époque et son essence dramaturgique. Ainsi, les décors et lumières de Gianni Carluccio figent le premier acte dans la poudre et les perruques aristocratiques aussi surannées que les trompe-l’œil d’une galerie de glaces momentanément importunée par de la populace révoltée. Les costumes chamarrés dessinés par Daria Calvelli corroborent cette parenthèse hors des troubles du temps, soulignée par les mouvements chorégraphiques décoratifs interprétés par des élèves de l’école de danse de l’institution romaine. Le contraste avec le deuxième tableau, et plus encore avec les deux derniers, s’avère significatif, où la suggestion topographique se résume à l’essentiel, du café à la prison, en passant par le tribunal, tandis que l’apparition des portraits des Montagnards tourne définitivement le dos au réalisme et immobilise le destin de Chénier sous le regard de l’Histoire. Sans rejoindre l’épure, l’illustration se resserre sur les éléments symboliques du drame.
Dans le rôle-titre, Gregory Kunde fond avec intelligence l’héroïsme requis dans une incarnation sensible qui restitue une belle sincérité de sentiments. L’effort vocal ne s’entend pas pour lui-même et sert une évidente justesse expressive à laquelle répond la Madeleine de Coigny de María José Siri, qui ne recherche jamais d’inutiles afféteries, dont l’intégrité de son chant n’aurait guère besoin. Sa mère, la Comtesse de Coigny, revêt l’apprêt attendu avec Anna Malavasi, tandis que Natascha Petrinsky livre une Bersi généreuse. Roberto Frontali fait forte impression dans l’air inaugural dévolu à Charles Gérard, ne négligeant point la vigueur de l’indignation du domestique. Le reste du plateau participe au caractère vériste de l’ouvrage. Elena Zilio affirme l’allure plébéienne de Madelon. Duccio Dal Monte nourrit Roucher de prévenance. Graziano Dallavalle assume les interventions de Pierre Fléville et Fouquier-Tinville; Timofei Baranov, celles de Schmidt, du majordome et de Dumas; quand Gevorg Hakobyan apparaît en sans-culotte Mathieu, et Luca Casalin en espion, l’Incroyable. Mentionnons encore le courtisan Abbé d’Andrea Giovannini. Préparés par Roberto Gabbiani, les chœurs concourent à la plénitude d’un spectacle placé sous la baguette efficace de Pietro Rizzo, succédant à Roberto Abbado dans la fosse pour la dernière représentation.
Gilles Charlassier
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