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La Mer toujours recommencée de Mikko Franck

Paris
Maison de la radio
05/12/2017 -  
George Gershwin : Concerto en fa
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune – La Mer

Yeol Eum Son (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


Y. E. Son (© Marco Borggreve)


Il avait fait faux bond pour son dernier concert, sauvé in extremis par son assistante Elena Schwarz. Mais Mikko Franck, cette fois, était là, avec la jeune Coréenne Yeol Eum Son, lauréate du Concours Van Cliburn 2009 et Médaille d’argent du Concours Tchaïkovski deux ans plus tard, révélée à beaucoup à travers un récital Decca où elle joue Berg, Prokofiev, Stravinsky et Ravel. Le Concerto en fa de Gershwin montre un jeu clair, richement coloré, un sens du rythme et une énergie, indispensables ici. Mais si le piano swingue, il lorgne aussi parfois vers Rachmaninov – un Rachmaninov sans excès dans l’épanchement – pour nous rappeler que le compositeur américain restait attaché à la grande tradition. Très belle lecture, pâtissant néanmoins d’un déséquilibre avec l’orchestre, qui l’écrase dans les tutti : faiblesse de la pianiste ou acoustique de la salle – du moins au premier balcon ? Mikko Franck, en effet, n’a rien d’un chef bruyant. Son Gershwin ne cherche pas à faire « américain » à tout prix, peut-être un peu trop classique pour le coup, pas assez jazzy. Très jazzy, en revanche, est le bis, superbe: la Septième des Etudes de l’Opus 40 de Nikolai Kapustin.


On sait depuis longtemps les affinités du chef finlandais avec la musique de Debussy. Inauguré par la magnifique flûte de Magali Mosnier, le Prélude à l’après-midi d’un faune chatoie dans l’irisation de ses timbres mais préserve la clarté de textures, porté par un geste très souple: l’impressionnisme n’a rien ici d’affadi, il manque seulement d’un peu de passion et de sensualité. La Mer, en revanche, n’appelle pas la moindre réserve. La direction creuse les nuances, exhalant ainsi toutes les senteurs des embruns, avec une fluidité rythmique, un sens de la pulsation qui donnent l’impression d’une forme en perpétuel devenir, comme la mer, mais jamais fragmentée grâce à l’art des enchaînements. Pas la moindre raideur ici, comme en témoignent des « Jeux de vagues » en ondulations ludiques, d’une insaisissable mobilité : la subtilité ne nuit pas au mystère, à la suggestion des clairs-obscurs. Elle n’empêche pas non plus « Dialogue du vent et de la mer » d’atteindre à une grandeur épique, au terme d’une superbe interprétation, à la fois très libre et très tenue, entre bonace et ressac.



Didier van Moere

 

 

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