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Des Noces épurées

Angers
Grand Théâtre
03/06/2017 -  et 8, 10, 12, 14 mars (Nantes), 5, 7*, 9 avril (Angers) 2017
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492
Andrè Schuen (Le comte Almaviva), Nicole Cabell (La comtesse Almaviva), Peter Kálmán (Figaro), Hélène Guilmette (Suzanne), Rosanne Van Sandwijk (Chérubin), Jeannette Fischer (Marcelline), Fulvio Bettini (Docteur Bartolo), Gilles Ragon (Don Bazile), Eric Vignau (Don Curzio), Bernard Deletré (Antonio), Dima Bawab (Barberine), Violette Lanoé, Anouk Marion, Solveig Marion, Marius Nail-Allard (figurants)
Chœur d’Angers Nantes Opéra, Xavier Ribes (chef de chœur), Orchestre national des Pays de la Loire, Mark Shanahan (direction musicale)
Patrice Caurier et Moshe Leiser (mise en scène), Christian Fenouillat (décors), Agostino Cavalca (costumes), Christophe Forey (lumière)


Après Don Giovanni l’an dernier, Angers Nantes Opéra confie au prolixe duo Patrice Caurier et Moshe Leiser le premier fruit de la collaboration entre Mozart Da Ponte, Les Noces de Figaro. A rebours du précédent spectacle, conçu comme une adaptation réaliste, la comédie de Beaumarchais est ici traduite dans une économie presque abstraite, que l’on imaginerait plus aisément pour Così fan tutte – volet que Jean-Paul Davois n’aura pas le temps de commander à la complice équipe. Les pastels du décor dessiné par Christophe Fenouillat résument les pièces du château et le jardin à leur essence théâtrale, assumant une économie d’accessoires et de meubles que l’on pourrait presque qualifier de minimaliste. Seuls des branchages et des frondaisons, s’immisçant progressivement entre les murs, et que d’aucuns symboliseraient comme l’irrésistible effraction du désir dans l’architecture sociale du château d’Almaviva, viennent lézarder l’ordonnancement des espaces, avec l’appui des lumières de Christophe Forey, à la poésie efficace. Quant aux costumes imaginés par Agostino Cavalca, ils inscrivent le jeu dramatique dans une évocation sobre du siècle des Lumières, entre couleurs documentées et confins d’une élégance intemporelle, en synchronie avec une direction d’acteurs qui, tout en s’abstenant d’inutile agitation herméneutique, ne sacrifie aucunement l’explicitation des sentiments, et leurs manifestations parfois impulsives, contredisant une étiquette généreusement bousculée par le texte.


En Comte Almaviva, Andrè Schuen ne caricature pas le sentiment d’omnipotence et affirme une consistance indéniable, à défaut de creuser la fascination de la séduction. Le Figaro de Peter Kálmán contraste avec sa simplicité robuste, et recueille au moins autant que son maître l’attention du spectateur. Si Nicole Cabell affiche la noble retenue de la comtesse, Hélène Guilmette se distingue par une agréable franchise jamais contrainte dans l’émission. Rosanne Van Sandwjik n’ignore point la juvénilité d’un Chérubin qui ne verse guère dans l’excès d’androgynie. Jeannette Fischer évite de s’aventurer dans le généralement facultatif «air de la chèvre», pour mieux souligner l’impertinence gouailleuse de Marcelline. Fulvio Bettini fait preuve d’un aplomb idoine pour Bartolo, quand Gilles Ragon s’acquitte d’un Bazile narquois, aux côtés du Curzio de caractère campé par Eric Vignau. Mentionnons encore les interventions intègres de Bernard Deletré en Antonio, ainsi que la frêle et savoureuse Barbarina de Dima Bawab, sans oublier le travail des chœurs, préparés par Xavier Ribes. A la tête de l’Orchestre national des Pays de la Loire, Mark Shanahan – dont on a déjà apprécié son travail dans cette même double fosse nantaise et angevine – fait respirer sans précipitation la vitalité de la partition.



Gilles Charlassier

 

 

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