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Atout chœur

Paris
Maison de la radio
04/13/2017 -  et 15 avril 2017 (Aix-en-Provence)
Anton Bruckner : Te Deum
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9 en ré mineur, opus 125

Genia Kühmeier (soprano), Charlotte Hellekant (mezzo-soprano), Nikolai Schukoff (ténor), Mikhail Petrenko (basse)
Chœur de Radio France, Sofi Jeannin (chef de chœur), Orchestre national de France, Christoph Eschenbach (direction)


C. Eschenbach (© Eric Brissaud)


Bien que certaines symphonies d’Anton Bruckner (1824-1896) soient régulièrement programmées dans les grandes salles de concert, tel n’est pas le cas du Te Deum (1881-1884) qui, bien qu’étant sans doute l’œuvre sacrée la plus célèbre du compositeur (et l’un de ses ouvrages les plus faciles d’accès), est moins fréquemment donné que la Messe en fa par exemple. Heureuse occasion donc que de l’entendre dans le cadre de l’auditorium de Radio France, dont on se demande d’emblée s’il ne souffrira pas d’une certaine saturation compte tenu des effectifs requis (un orchestre et un chœur de plus de quatre-vingt personnes chacun, quatre solistes et un orgue).


Pourtant, dès les premiers accords, toute inquiétude s’envole à ce sujet: la plénitude des cordes (très bien soutenues par l’orgue) et la force du chœur envahissent l’auditorium sous la direction galvanisante de Christoph Eschenbach. L’ensemble sonne donc très bien, n’étant ni trop lourd, ni trop grandiloquent même si le chef allemand opte pour une vision plus démonstrative que véritablement fervente. On regrettera quelques options (les effets sur la fin du «In te, Domine, speravi», où le chef ralentit trop avant, soudain, d’accélérer avec un excès similaire, choix qui nuit au caractère imposant de la fin de l’œuvre) qui, pour autant, ne nuisent pas à l’ensemble, mené à bon allure. Le quatuor de solistes est inégal: si Genia Kühmeier (surtout) et Charlotte Hellekant sont excellentes, Nikolai Schukoff fait montre d’une belle projection bien qu’il ait souvent tendance à pousser ses aigus. Grosse déception en revanche en ce qui concerne Mikhail Petrenko dont la voix n’a ni la stabilité, ni la sobriété pour ce répertoire. De son côté, le Chœur de Radio France est irréprochable: parfaitement préparé par Sofi Jeannin, il incarne à lui seul toute la grandeur de ce Te Deum, sachant faire preuve si nécessaire de toute la subtilité requise (la prononciation du mot «Sanctus» dans le «Te Deum laudamus», presque murmurée), les pupitres masculins ayant été particulièrement impressionnants.


Bien qu’ayant été directeur musical de l’Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach connaît bien l’Orchestre national de France. L’ayant dirigé notamment en décembre 2015 dans ce même auditorium et en mars 2016 dans le Requiem allemand au Théâtre des Champs-Elysées, il l’a conduit de nouveau dans un programme diversifié (Beethoven, Saint-Saëns et Tchaïkovski) lors d’une tournée allemande qui, les 3 et 4 septembre 2016, les a menés aux festivals de Mecklembourg-Poméranie occidentale et de Grafenegg. Cette entente ne semble pourtant pas évidente au début de la Neuvième Symphonie de Ludwig van Beethoven (1770-1827). La lecture d’Eschenbach se veut plus verticale qu’horizontale: ainsi, on ne perçoit jamais dans l’Allegro ma non troppo, un poco maestoso initial la force de cette musique. Aucune tension, aucun souffle, aucune appréhension globale du mouvement: seulement une succession d’épisodes, à l’agencement d’ailleurs parfois précaire, le flottement étant patent avant la coda finale. Il en fut de même dans le Molto vivace - Presto où Eschenbach, peut-être échaudé par la relative fragilité du premier mouvement, semble davantage préoccupé par la seule mise en place des pupitres que par une approche d’ensemble. C’est dommage, d’autant que le National, peu concerné par le chef (plusieurs musiciens semblent ostensiblement se fier davantage à leur partition qu’à la gestique, il est vrai peu précise, du chef...), recèle d’excellents solistes à l’image ce soir de Didier Benetti aux timbales (dont l’engagement et l’attitude conquérante furent exceptionnels), d’Hervé Joulain et Camille Lebrequier au cor (cette dernière, supplétive pour l’occasion, ayant été souveraine à chacune de ses interventions) ou de la parfaite Mathilde Lebert au hautbois. La suite de la symphonie fut heureusement meilleure: ainsi, le superbe mouvement lent fut appréhendé avec une large respiration par le chef qui, enfin, affichait une réelle osmose avec l’ensemble des musiciens, notamment les pupitres des violoncelles et des contrebasses. Le Presto conclusif fut également bien conduit, bénéficiant là encore d’un Chœur de Radio France de première qualité doté d’une ferveur évidente et de solistes dominés par la soprano Genia Kühmeier.


Dès le premier salut, Christoph Eschenbach revint sur scène avec, à son bras, Sofi Jeannin, chaleureusement applaudie par le public et les musiciens: ce ne fut que juste récompense tant, ce soir, elle contribua grandement au succès de cette belle soirée musicale.


Le site de Christoph Eschenbach
Le site de Genia Kühmeier
Le site de Nikolai Schukoff



Sébastien Gauthier

 

 

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