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Lyon
Opéra
03/17/2017 -  et 20, 23, 26, 30 mars, 1er avril 2017
Richard Strauss : Elektra, opus 58
Lioba Braun (Clytemnestre), Elena Pankratova (Electre), Katrin Kapplusch (Chrysothémis), Thomas Piffka (Egisthe), Christof Fischesser (Oreste), Bernd Hofmann (Le précepteur d’Oreste), Pascale Obrecht (La confidente de Clytemnestre), Marie Cognard (La porteuse de traîne), Patrick Grahl (Un jeune serviteur), Paul-Henry Vila (Un vieux serviteur), Christina Nilsson (La surveillante), Anthea Pichanick, Rebekka Stolz, Catalina Skinner-Moreno, Géraldine Naus, Marianne Croux (Jeunes servantes), Marie Cognard, Pascale Obrecht, Sharona Applebaum, Celia Roussel-Barber, Joanna Curelaru Kata, Sophie Calmel-Elcourt (Servantes)
Chœurs de l’Opéra de Lyon, Philip White (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Lyon, Hartmut Haenchen (direction musicale)
Ruth Berghaus (mise en scène, réalisée par Katharina Lang), Hans Dieter Schaal (décors), Marie-Luise Strandt (costumes), Ulrich Niepel (lumières)


(© Bertrand Stofleth)


Des trois opéras de ce triptyque «Mémoires» du festival de Lyon (voir par ailleurs Le Couronnement de Poppée et Tristan), la reprise de l’Elektra de Richard Strauss montée par Ruth Berghaus pour l’Opéra de Dresde en 1986 restera le souvenir théâtral et musical le plus fort, une représentation dont on sort secoué et pendant laquelle on a l’impression d’être resté en apnée pendant une heure trente-cinq.


Un peu d’histoire puisqu’il s’agit de mémoire. La production de Ruth Berghaus, disparue en 1996, aura été représentée à Dresde près de quatre-vingts fois en vingt ans. Personnage très influent dans la vie théâtre est-allemande, Ruth Berghaus, épouse de Paul Dessau, qui était en quelque sorte le compositeur officiel de la RDA, avait travaillé avec Brecht, dont elle a dirigé le Berliner Ensemble. Nombre de ses mises en scène ont fait scandale: on se souvient d’une Tétralogie de Wagner au Staatsoper de Berlin qui n’est jamais allée au delà d’un Or du Rhin impossible à montrer. Cette mise en scène d’Elektra figure parmi ce qu’elle a fait de meilleur, avec l’orchestre placé sur scène au premier plan (ce qui est, pour l’Opéra de Lyon dont la fosse est, comme à Dresde, trop petite pour contenir les 120 musiciens, une condition idéale) et une structure métallique blanche (de Marie-Luise Strandt) rappelant un plongeoir de piscine blanc sur les trois niveaux de laquelle l’action se joue au bord du gouffre, qui figure le palais de Mycènes. Sans aucun excès dans la direction d’acteurs, la mise en scène de Berghaus (reprise par Katharina Lang) montre le drame des Atrides avec une clarté aveuglante et sans les caricatures que l’on a pu voir et voit encore autour de cette action qui, pour être radicale, n’en a pas moins une tenue théâtrale impeccable.


La réussite d’une représentation d’Elektra tient autant aux trois protagonistes qu’à l’orchestre. Le soir de la première lyonnaise, toutes les conditions étaient réunies pour en faire une soirée inoubliable. Du trio de femmes, l’Elektra d’Elena Pankratova dominait nettement, une voix à la projection d’airain à la Nilsson, à la diction exemplaire et égale sur toute l’immense tessiture du rôle et avec des couleurs fauves, chaudes – voix idéale pour le rôle. Un peu en retrait, la Clytemnestre de Lioba Braun rivalisait cependant de couleurs avec sa sœur. Seule, malgré une présence dramatique très forte, la voix de Katrin Kapplusch ne parvenait pas toujours à traverser l’océan orchestral qui se déroulait à ses pieds. Car la configuration faisait de l’orchestre, grande originalité de cette mise en scène, un protagoniste majeur du drame. Hartmut Haenchen, son chef dès la première à Dresde, a empoigné cette musique avec un sens théâtral magnifique, jamais dans l’excès et le formidable Orchestre de l’Opéra de Lyon a rendu justice à toutes les audaces de cette ébouriffante partition. L’Oreste, peut être le seul personnage que la direction d’acteurs prive de son humanité, était magnifiquement chanté par Christof Fischesser.


Des trois opéras proposés par Serge Dorny pour ce festival, l’Elektra version Berghaus ne bénéficie d’aucune archive vidéographique. Il est donc bien dommage qu’aucune caméra ne soit venu capter cette reprise.



Olivier Brunel

 

 

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