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Devoir de mémoire

Lyon
Villeurbanne (TNP)
03/16/2017 -  et 7, 9, 11 (Vichy), 18, 19 (Lyon) mars 2017
Claudio Monteverdi : L’incoronazione di Poppea
Josefine Göhmann*/Emilie Rose Bry (Poppea, Drusilla, Virtu), Laura Zigmantaite (Nerone), Elli Vallinoja (Ottavia), Aline Kostrewa (Ottone), André Gass (Arnalta), Rocío Pérez (Damigella, Amore), Katherine Aitken (Fortuna, Valletto), Pawel Kolodziej (Seneca), Oliver Johnston (Lucano, Soldato II), James Hall (Famigliare I, Pallade), Brenton Spiteri (Famigliare II, Mercurio, Soldato I), Aaron O'Hare (Famigliare III), Pierre Héritier (Littore, Liberto)
Les Nouveaux Caractères, Sébastien d’Hérin (direction musicale)
Klaus Michael Grüber (mise en scène, reprise par Ellen Hammer), Gilles Aillaud (décors, recréés par Bernard Michel), Rudy Sabounghi (costumes), Dominique Borrini (lumières)


(© Jean-Louis Fernandez)


Pour son festival lyrique annuel qui, au fil des années, devient une institution très fréquentée par un public international, l’Opéra de Lyon offre cette année sous le titre «Mémoires» trois mises en scène historiques de la toute fin du siècle dernier. Toutes trois sont l’œuvre de metteurs en scène allemands disparus, dont la mission était de faire coller la musique au plus près du geste théâtral.


Ouverture dans le très historique Théâtre national populaire (TNP) de Jean Vilar transféré depuis 1972 à Villeurbanne, avec la non moins historique production du Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi réalisée par Klaus Michael Grüber en 1999 au festival d’Aix-en-Provence. On se souvient qu’en raison du mauvais temps sa retransmission télévisée par Arte avait été brutalement interrompue après sa première moitié et, sauf erreur, jamais complétée par la suite. Mais un DVD enregistré en 2000 par BelAir est là pour témoigner de l’original (voir ici).


Le magnifique décor de Gilles Aillaud, lui aussi disparu, refait à l’identique par Bernard Michel, une épure antique de villa pompéienne avec quelques fresques rouge sang, une rangée de cyprès, les citronniers de Sénèque et un minimum d’accessoires, semble un peu à l’étroit en largeur sur la scène du TNP mais sa poésie fonctionne à plein. Comme le souligne Ellen Hammer, assistante de toujours de Grüber, disparu en 2008: «Il manquera peut-être le léger frémissement du rideau de scène que le vent provoquait et qui n’était pas mis en scène, mais qui dans le théâtre en plein air était l’accompagnement naturel de toute la soirée et conférait à l’œuvre une fragilité – une dimension poétique supplémentaire du hasard – celle de la réunion des amants de Rome qui brûle». De fait on y retrouve aussi l’esprit de l’inoubliable Bérénice de Racine que Grüber avait réalisée pour le festival d’Automne à la Comédie-Française en 1984, épurée, esthétisante, d’où tout érotisme évident était banni mais où l’on sentait le feu brûler entre les protagonistes. Sa reprise de la mise en scène, si l’on en juge de mémoire, est exemplaire de fidélité.


La distribution est constituée de jeunes solistes du Studio de l’Opéra de Lyon et c’est sa grande force qui le sauve d’une possible caricature de l’original. Tous ont un âge qui confère une belle crédibilité à leurs rôles. Certains manquent un peu de caractère, comme le Néron de Laura Zigmantaite, qui ne montre pas assez le caractère retors de l’empereur. Josefine Göhmann pourrait donner plus de sensualité vocale à Poppée; elle est certainement mieux distribuée en Drusilla, rôle dans lequel elle alterne avec Emilie Rose Bry. Le Sénèque de Pawel Kolodziej est déjà à un niveau franchement plus professionnel tout comme l’Arnalta d’André Gass, qui reprend le rôle travesti que tenait à la création du spectacle Jean-Paul Fouchécourt, aujourd’hui directeur du Studio de l’Opéra de Lyon.


Dans la fosse, Sébastien d’Hérin au clavecin a fait des merveilles à la tête d’un ensemble Les Nouveaux Caractères réduit au continuo. La version utilisée était le manuscrit vénitien dans lequel, pour le plus grand bien de la continuité dramatique, Grüber avait décidé de nombreuses coupures. La direction musicale allait dans le sens de cette urgence dramatique avec des interventions solistes d’une grande sensualité.



Olivier Brunel

 

 

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