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Bach à Bastille : un pari risqué

Paris
Opéra Bastille
02/14/2017 -  
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur, BWV 232
Genia Kühmeier (soprano), Elisabeth Kulman (mezzo), Pavol Breslik (ténor), Günther Groissböck (basse)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)


P. Jordan (© Vincent Lignier/Opéra national de Paris)


Philippe Jordan, qui a d’emblée voulu ouvrir l’Orchestre de l’Opéra au répertoire symphonique, l’a cette fois frotté à la musique de Bach. Un défi à la fois orchestral et esthétique. Il le relève par une approche relevant en quelque sorte de la musicologie appliquée, intégrant donc les acquis des « baroqueux », mais sans psittacisme : « La question du vibrato, par exemple, n’est qu’un moyen et non un but ». Cela nous vaut un allégement chambriste des textures, loin des lectures monumentales d’autrefois, et un refus des longues phrases au legato continu – dans l’Agnus Dei, par exemple. Les musiciens se plient parfaitement, avec de très beaux solos, à ce Bach très clair, réduit à une cinquantaine de musiciens – effectif adapté au grand vaisseau de Bastille, où se perdrait un ensemble plus proche de la vérité historique.


On sent pourtant une certaine réserve, celle des premières fois sans doute, qui nuit à l’émotion – cela manque de ferveur, notamment le triptyque « Et incarnatus est - Crucifixus - Et resurrexit ». Il est vrai que l’acoustique enveloppe et ne garantit pas toujours un parfait équilibre entre le chœur et les instruments. C’est ce chœur, justement, composé également d’une cinquantaine de chanteurs, pas moins sur la réserve, qui laisse sceptique. Si l’on apprécie, là aussi, l’allégement de la texture, on ne peut nier des approximations de l’aigu des sopranos et des désordres très fâcheux dans les passages rapides – où la vocalise met les voix à la peine et qui font parfois sombrer le Credo.


Les solistes forment un quatuor inégal, dominé par le soprano pur de Genia Kühmeier. Dans les duos, elle se projette mieux qu’Elisabeth Kulman, qui attend un magnifique Agnus Dei pour donner toute sa mesure. Pavol Breslik, s’il assume le « Domine Deus », manque curieusement s’effondrer dans le redoutable « Benedictus ». Il est très imprudent de confier « Qui sedes » et le « Et in spiritum sanctum » à la même voix : le premier sied à la belle basse de Günther Groissböck, mais le second, beaucoup trop aigu, le met en péril.


Un essai... à transformer.



Didier van Moere

 

 

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