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Affronter le Conservatoire Bruxelles
Conservatoire
02/10/2017 -
Maurice Ravel: Quatuor à cordes
Claude Debussy: Deux Danses pour harpe et cordes – Suite bergamasque: 3. « Clair de lune » (arrangement Lenaerts)
Gabriel Fauré: Impromptu pour harpe, opus 86
André Caplet: Conte fantastique
Anneleen Lenaerts (harpe), Quatuor Zaïde: Charlotte Juillard, Leslie Boulin Raulet (violon), Sarah Chenaf (alto), Juliette Salmona (violoncelle)
(© Nadia Navaée)
L’état du Conservatoire de Bruxelles ? Scandaleux et indigne de la capitale, des musiciens et du public. Nous assistons, impuissants, à son agonie de trop longtemps : la grande salle, les couloirs, les escaliers, le hall et le foyer font vraiment peine à voir. De plus, le changement de température ressenti en y déambulant incite beaucoup de spectateurs à garder leur manteau. Et ne nous attardons pas sur la présence de bonbonnes de propane dans les couloirs. Cette situation honteuse et incroyable prouve la mauvaise volonté des autorités, incapables de dégager les moyens nécessaires pour sauver ce fleuron du patrimoine. Il semble que les moyens aient été réunis pour entamer la rénovation, mais nous ne serons soulagés que lorsque le bâtiment aura enfin retrouvé sa splendeur. Cet immense défi paraît improbable. C’est à se demander s’il ne vaut pas mieux construire un conservatoire neuf.
Malgré tout, Bozar continue à y organiser des concerts. Le Quatuor Zaïde a du mérite d’y jouer, et les spectateurs de se rendre dans ce lieu sinistre, mais l’acoustique de la grande salle demeure toujours aussi admirable. Court mais cohérent, le programme se concentre sur des compositeurs français contemporains. Cette formation entièrement féminine débute par le Quatuor (1902-1903) de Ravel : l’exécution est claire et vigoureuse, le dialogue affûté et équilibré. L’alliage de timbres se révèle harmonieux, mais la sonorité n’atteint pas un degré de raffinement extrême. Les interprètes veillent à la justesse de l’expression et alternent avec limpidité les moments de tension et de détente.
La première partie s’achève avec les Deux Danses (1904) de Debussy. Installée au milieu de ses partenaires, Anneleen Lenaerts attire l’attention en permanence par la richesse de sa sonorité et le lyrisme de son jeu. La harpiste belge à la carrière internationale revient seule après la pause pour interpréter l’Impromptu (1904) de Fauré, un morceau de concours composé pour un autre conservatoire – celui de Paris. Epatante de virtuosité, cette jeune musicienne séduit par son doigté, mélange de fermeté et de délicatesse. Elle traduit ensuite avec imagination l’ambiance de « Clair de lune », pièce tirée de la Suite bergamasque (ca. 1890-1905) pour piano qu’elle a elle-même arrangée pour son instrument.
Le Quatuor Zaïde et Anneleen Lenaerts terminent avec le Conte fantastique (1908, 1922-1925) de Caplet, un compositeur tellement rare que la présence d’une de ses œuvres au programme d’un concert constitue un petit événement en soi. Explorant avec habilité la double dimension narrative et descriptive de cette œuvre inclassable, les interprètes réussissent à en restituer les jeux de sonorité recherchés et à en dévoiler la modernité.
Le site d’Anneleen Lenaerts
Le site du Quatuor Zaïde
Sébastien Foucart
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