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Tomás Netopil retrouve l’Orchestre de Paris

Paris
Philharmonie
02/08/2017 -  et 9* février 2017
Leos Janácek : Príhody lisky Bystrousky: Suite (réalisation Charles Mackerras)
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 1, opus 11
Richard Strauss : Also sprach Zarathustra, opus 30

Seong-Jin Cho (piano)
Orchestre de Paris, Tomás Netopil (direction)


T. Netopil


Entre Tomás Netopil et l’Orchestre de Paris, les rendez-vous sont désormais réguliers et l’on s’en réjouit d’autant plus qu’ils donnent des programmes intéressants où la musique tchèque, évidemment, occupe une place de choix.


Le dernier concert, ainsi, débute par la Suite de La Petite Renarde rusée, dans la réalisation de Charles Mackerras – alors qu’on a plutôt tendance à donner l’arrangement de Václav Talich. Le chef arrive à y infléchir la sonorité de l’orchestre et à obtenir un peu de la verdeur des ensembles tchèques. Il parvient surtout à éviter le décousu et à assurer une certaine continuité du flux – dans la mesure où la « suite » rend la chose possible. On apprécie enfin la diversité des climats, les bruits et les mystères de la nature, cris d’insectes ou murmures de la forêt, comme le panthéisme hymnique de certaines pages.


L’intérêt faiblit cruellement avec le Premier Concerto de Chopin, pourtant joué par le lauréat du dernier concours de Varsovie – dont la victoire n’avait pas manqué, urbi et orbi, de susciter questions et polémiques. Il est vrai que, si l’on ne peut dénier au jeune Coréen Seong-Jin Cho, qu’on prendrait presque pour un collégien, de l’agilité et de la puissance, la sonorité se révèle courte, sans chair ni couleur. La ligne n’est pas modelée non plus, comme si le pianiste ignorait décidément tout du belcanto chopinien. On s’est rarement autant ennuyé ici... si bien que – le comble pour cette œuvre – l’on écoute surtout l’accompagnement orchestral, où Tomás Netopil voit grand, par le geste comme par l’effectif : plus rien de cette fraîcheur juvénile qu’on y met en général aujourd’hui, une sonorité généreuse, très symphonique, qui tirerait presque Chopin vers Brahms – il faudrait ici un héritier de Gilels ou d’Arrau... En bis, un « Clair de lune » de Debussy, où les maniérismes tiennent lieu de style.


Ainsi parlait Zarathoustra, heureusement, fait tout oublier. Le chef tchèque évite les deux écueils fatals à beaucoup : la boursouflure et la fragmentation. Si la pâte sonore est dense, elle reste fluide, grâce à une lecture polyphonique de la partition, qui en canalise la luxuriance hédoniste. L’art des transitions assure la continuité du flux – cela va beaucoup moins de soi ici que dans les poèmes symphoniques narratifs, voire dans les deux Symphonies. La maîtrise de l’orchestre impressionne, la continuité de la tension aussi, comme si toute l’œuvre était une lutte entre l’ombre – ténébreux « De la science », où les cordes rampent – et une lumière qui peine à la percer – le « Chant de la danse » répugne à tout éclat factice. Ce Zarathoustra-là, entre abîme et altitude, annonce la Symphonie des Alpes. Ils ont de la chance, à Essen.



Didier van Moere

 

 

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