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L’étrange familiarité de Benjamin Godard

Saint-Etienne
Opéra
02/03/2017 -  
César Franck : Le Chasseur maudit
Ludwig van Beethoven : Triple Concerto en ut majeur, opus 56
Benjamin Godard : Symphonie n° 2 en si bémol majeur, opus 57

Pascal Monlong (violon), Nicolas Saint-Yves (violoncelle), Laurent Wagschal (piano), Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, David Reiland (direction musicale)


D. Reiland


Premier chef invité de l’Opéra de Saint-Etienne depuis maintenant près de deux ans, David Reiland ne se contente des grandes pages du répertoire, et, avec la complicité d’Eric Blanc de la Naulte, le directeur de l’institution lyrique, sait emmener son Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire hors des sentiers battus. Le concert de ce premier vendredi de février, en témoigne, et Radio Classique n’a pas manqué de se déplacer pour le diffuser en direct.


L’exhumation en France de la Deuxième Symphonie de Godard constituait en effet une opportunité qu’il aurait été regrettable de manquer, et participe du regain d’intérêt dont bénéficie aujourd’hui un compositeur que l’on commence à redécouvrir. Méconnue des mélomanes d’aujourd’hui, la partition ne l’est pas du chef belge, pour en avoir réalisé le tout premier enregistrement avec l’Orchestre de la Radio de Munich l’année dernière. Composée en 1879, elle résonne pourtant parfois avec une étrange familiarité et porte une empreinte du romantisme germanique de la génération précédente qui s’entend avec évidence dès l’Allegro vivace initial. Habilement, la direction ne cherche pas à souligner la compacité des textures. Mouvement à variations, le Lento ma non troppo condense certainement le meilleur de l’inspiration de l’ouvrage. A partir d’un simple motif de trois notes se déploie un art de la couleur orchestrale qui a retenu la leçon de Berlioz et de son Traité d’instrumentation, tandis que la transformation thématique semble se situer quelque part entre Bizet et une passacaille brahmsienne. C’est Mendelssohn qui vient à l’esprit à l’écoute d’un scherzo noté Vivace, tout en séduisante fluidité, ciselée avec subtilité et gourmandise par les pupitres stéphanois. Quant au finale, Allegro con moto, il emprunte à Schumann une architecture obsessionnelle qui, faute d’un génie comparable, finit par verser dans la rhétorique.


En première partie de soirée, David Reiland offrait comme un prémonitoire rapprochement des traditions musicales des deux côtés de Rhin. Avec son attachement reconnaissable à la forme cyclique, le compatriote Franck et son poème symphonique Le Chasseur maudit calibrent une énergie constante au fil de quinze minutes d’une épopée où se met en valeur la concentration des cuivres, autant que la pâte réactive de l’orchestre. Ce souci de l’équilibre, qui évite d’assombrir inutilement la pièce, se retrouve également dans le Triple Concerto de Beethoven, quitte à prendre d’excessives précautions classicistes dans le phrasé et l’articulation. La sobriété efficace de Laurent Wagschal au piano s’allie au violon honnête de Pascal Monlong et au violoncelle de Nicolas Saint-Yves, souple et généreux: ce Beethoven-là regarde sans doute davantage vers une certain sérénité apollinienne sinon mozartienne que vers l’épique.



Gilles Charlassier

 

 

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