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Un Enlèvement au sérail coloré

Toulouse
Théâtre du Capitole
01/27/2017 -  et 29, 31* janvier, 3, 5 février 2017
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Entführung aus dem Serail, K. 384
Jane Archibald (Konstanze), Hila Fahima (Blonde), Mauro Peter (Belmonte), Dmitry Ivanchey (Pedrillo), Franz-Josef Selig (Osmin), Tom Ryser (Bassa Selim)
Chœur du Capitole, Alfonso Caiani (direction), Orchestre national du Capitole, Tito Ceccherini (direction musicale)
Tom Ryser (mise en scène), Christian Vetsch (collaboration artistique), David Belugou (décors), Jean-Michel Angays, Stéphane Laverne (costumes), Marc Delamézière (lumières)


J. Archibald (© Patrice Nin)


En dépit d’un argument et d’une morale innervés par l’humanisme de Mozart – le pardon final s’inscrit dans une thématique largement développée par le compositeur, de Lucio Silla à La Clémence de Titus, en passant par Idoménée, jusqu’à la trilogie Da Ponte – L’Enlèvement au sérail inspire plus souvent aujourd’hui du côté de la cruauté orientale. En coproduction avec Tours, Lausanne et Fribourg, la lecture confiée à Tom Ryser par le Théâtre du Capitole ne fait certes pas l’économie des mitraillettes et de la violence des sbires de Sélim, le tout agrémenté d’hystéries féminines dans le harem – cela présente au moins l’avantage de mettre en forme les mouvements de foule.


Si l’œil est d’abord flatté par la scénographie de David Belugou et ses toiles actionnées depuis les cintres qui scandent le spectacle avec des motifs chamarrés s’échappant rapidement de l’austérité des moucharabiehs vers une fantaisie colorée qu’une certaine abstraction moderniste du début du vingtième siècle n’aurait pas reniée, on comprend, avec le retour de la caméra projetant un film souvenir noir et blanc d’une jeune femme, que toute l’intrigue est interprétée du point de vue du pacha Sélim – dévolu à Tom Ryser lui-même – poursuivant la mémoire d’une bien-aimée ravie par le père de Belmonte à travers l’impossible conquête de Konstanze. La boucle dramatique se referme, et diffuse une teinte mélancolique saupoudrée par ailleurs autant par les interprètes que les lumières de Marc Delamézière. Les costumes sans actualisation excessive dessinés par Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne accentuent l’opposition entre les caractères, participant parfois de l’acoquinement de la virilité guerrière avec le vaudeville.


En Konstanze, Jane Archibald offre un émouvant nuancier expressif, et tire parti de la direction aérée de Tito Ceccherini, attentive à la dimension réticulaire du lexique mozartien. L’air «Traurigkeit» du deuxième acte ne se contente pas d’annoncer le plaintif «Ach ich fühl’s» de Pamina: la marche harmonique évoque aussi l’arioso accompagnato d’Arbace au troisième acte d’Idoménée, enrichissant une peinture des affects qui gagne alors en une subtilité que sait faire ressortir intelligemment la soprano. Mauro Peter, son Belmonte, souligne plus que de coutume une possessivité que d’aucuns diraient un rien machiste, et voile le personnage d’une ambiguïté généralement éludée par une bonhomie ici réservée au Pedrillo d’un Dmitry Ivanchey mal à l’aise avec l’idiome de son rôle. Hila Fahima palpite du babil léger attendu en Blonde, quand Franz-Josef Selig trempe le sadisme d’Osmin dans l’onctuosité de sa voix de basse – sans oublier les interventions du chœur, préparé par Alfonso Caiani.



Gilles Charlassier

 

 

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