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Staatsoper
01/22/2017 -  et 25*, 28 janvier, 1er février 2017
Charles Gounod: Roméo et Juliette
Aida Garifullina (Juliette), Juan Diego Flórez (Roméo), Gabriel Bermúdez (Mercutio), Dan Paul Dumitrescu (Frère Laurent), Rachel Frenkel (Stéphano), Rosie Aldridge (Gertrude), Carlos Osuna (Tybalt), Igor Onishchenko (Pâris), Ayk Martirossian (Grégorio), Wolfgang Bankl (Capulet), Alexandru Moisiuc (Le Duc)
Chor der Wiener Staatsoper, Thomas Lang (chef de chœur),
Orchester der Wiener Staatsoper, Plácido Domingo (direction)
Jürgen Flimm (mise en scène), Patrick Woodroffe (décors et lumières), Birgit Hutter (costumes), Renato Zanella (choréographie)


A. Garifullina, J.-D. Flórez (© Wiener Staatsoper/Michael Pöhn)


On peut s’extasier sur la longévité, la musicalité, l’énergie du Titan Plácido Domingo: le nom fait remplir les salles jusqu’aux dernières Stehplätze et sa présence seule déchaîne les applaudissements du public. On peut également écouter de manière lucide sa performance dans la fosse, et se rendre compte que – non – on est loin du standard du circuit international contemporain. Qu’importe sa gestique non traditionnelle; qu’importe son attention constante portée aux chanteurs; qu’importe la sympathie bien perceptible des musiciens à l’égard du chanteur-superstar-chef d’orchestre: sans travail minutieux de mise en place, sans conception clairement exprimée des dynamiques sonores, les meilleurs (et on parle quand même de l’orchestre du Wiener Staatsoper) finissent par échouer. On note, dès le début, des flottements parmi les instrumentistes, mais on se dit qu’on y arrivera à force d’énergie et de générosité: «les Philharmoniker jouent en débraillé ce soir, voilà qui promet d’être inhabituel». Mais au fur et à mesure des scènes, on en vient à redouter les imprécisions de chaque attaque: on frôle à vrai dire la catastrophe dans le troisième acte, sauvé par le premier violon et l’intervention du maestro suggeritore, beaucoup plus visible qu’à l’ordinaire.


C’est d’autant plus dommage que cette production de Roméo et Juliette avait de bons atouts à jouer: à savoir, une mise en scène cinématographique et un couple aux charmes hollywoodiens. Jürgen Flimm et Patrick Woodroffe déploient certes sur scène un grand nombre de ressources techniques (lumières variées, effets pyrotechniques), mais ils les utilisent toujours à bon escient et sans ostentation. Les scènes d’action sont crédibles et haletantes, dépeignant les deux familles rivales comme des bandes de voyous arborant des écharpes de supporters aux couleurs de leurs clans. Le couple star tient ses promesses: Juan Diego Flórez dose avec beaucoup de justesse intensité et douceur ses interventions, lançant avec agilité des aigus ensoleillés. Aida Garifullina incarne au plus profond de sa chair une Juliette innocente, virevoltante et juvénile: vibrato très resserré, aigus transparents, graves adorables (à défaut d’être puissants), elle est à son meilleur quand elle vise la simplicité. Rachel Frankel (Stéphano) réussit sa prestation avec espièglerie; Dan Paul Dumitrescu tire son épingle du jeu dans le rôle du Frère Laurent à la projection précise et chaleureuse; Carlos Osuna est absolument crédible dans le rôle d’un Tybalt au sang chaud; Rosie Aldridge propose une Gertrude directe et humoristique, quoiqu’à l’accent britannique prononcé.


Aux applaudissements, Roméo rafle la mise: quelques huées isolées tentent de s’élever à l’égard du chef – vite englouties cependant sous l’enthousiasme bruyant des inconditionnels. Les fans pourront le retrouver le mois prochain à la baguette; les autres l’écouteront sur scène dans Don Carlo sous la direction de Myung-Whun Chung – une combinaison certainement plus recommandable que son opposée.


Les amateurs de direction d’orchestre pourront se faire leur propre opinion, tout en rafraîchissant leur connaissance de l’allemand, sur YouTube.



Dimitri Finker

 

 

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