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Ouverture wagnérienne

Roma
Teatro Costanzi
11/27/2016 -  et 30 novembre, 3, 6, 9*, 11 décembre 2016
Richard Wagner : Tristan und Isolde
Andreas Schager (Tristan), John Relyea*/Andreas Hörl (Roi Marke), Rachel Nicholls (Isolde), Brett Polegato (Kurwenal), Andrew Rees (Melot), Michelle Breedt (Brangäne), Rainer Trost (Un jeune marin), Gregory Bonfatti (Un berger), Gianfranco Montresor (Un pilote)
Coro del Teatro dell’Opera di Roma, Roberto Gabbiani (chef de chœur), Orchestra del Teatro dell’Opera di Roma, Roberto Gabbiani (chef de chœur), Daniele Gatti (direction musicale)
Pierre Audi (mise en scène), Willem Bruls (dramaturgie), Christof Hetzer (décors et costumes), Jean Kalman (lumières), Anna Bertsch (vidéo)


Depuis qu’il a été nommé à la tête du Teatro dell’Opera de Rome il y a près de trois ans, le Sovrintendente Carlos Fuortes s’attache à sortir le répertoire de l’institution des clichés chauvinistes péninsulaires qui lui sont parfois hâtivement associés Après une Rusalka appelée à la rescousse en 2014 et un audacieux autant que bienvenu ouvrage de Henze, Les Bassarides, l’an dernier, c’est sous la tradition wagnérienne que s’ouvre l’exercice 2016-2017, avec un Tristan et Isolde coproduit avec Amsterdam et le Théâtre des Champs-Elysées à Paris.


Minimaliste, la mise en scène de Pierre Audi s’articule d’abord autour de tableaux que d’aucuns qualifieraient d’abstraits. La plastique des décors dessinés par Christof Hetzer déploie un espace qui se veut sans doute symbolique en s’appuyant sur la modularité des éléments scénographiques, à l’instar de la carène du navire qui, désarticulée, se fait forêt de troncs au deuxième acte. L’ensemble est rehaussé par les lumières de Jean Kalman, jouant d’effets nocturnes et d’intensité visuelle au diapason de la musique, selon un procédé plus d’une fois éprouvé dans le mythe tristanien, et ici utilisé avec une maîtrise évidente, sinon émérite. Les appoints vidéographiques réglés par Anna Bertsch confirment une proposition herméneutique privilégiant une intemporalité que certains pourraient être tentés de rapprocher de l’épure wilsonienne.


En Tristan, Andreas Schager affiche une puissance qui ne cherche pas à s’économiser, prenant le risque audible de mettre son endurance à l’épreuve dans le monologue du troisième acte. S’il n’est pas interdit de préférer des incarnations plus délicates, l’engagement démontré ne saurait être négligé. Son Isolde, Rachel Nicholls, n’élude aucune note, quand bien même son intégrité vocale ne s’affranchit guère d’une certaine placidité que les représentations parisiennes n’avaient pas révélée. La Brangäne de Michelle Breedt s’affirme avec une réelle progressivité au fil de la soirée, qui tend à pénaliser relativement son entrée. S’il n’a peut-être pas la noblesse et la distinction des grands rois Marke, dont René Pape offre sans doute l’un des meilleurs avatars actuels, on ne saurait rester insensible à une plénitude de moyens qui fait pardonner un relatif monolithisme dans la palette expressive. Brett Polegato s’avère un Kurwenal honnête, quand la claudication de Melot revient à un Andrew Rees sans séduction inutile. Mentionnons également les interventions de Rainer Trost en Jeune marin, Gregory Bonfatti en Berger, celles du Pilote confiée à Gianfranco Montresor, et du chœur, préparé par Roberto Gabbiani. Quant à la direction de Daniele Gatti, elle ne bénéficie certes pas de la plasticité de l’Orchestre national de France, qu’il a façonnée au cours de son mandat parisien, mais, nonobstant un équilibre sonore qui demande davantage d’attention, le chef italien réussit à mettre en valeur la dynamique subliminale d’une partition qui envoûte au moins autant après que pendant la performance musicale.



Gilles Charlassier

 

 

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