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Féerie de poche

Saintes
Abbaye aux Dames
12/20/2016 -  et 4 février (Venezia), 4, 5 juin (Paris), 12 août (Fécamp) 2016, 25 mars 2017 (Metz)
«Il était une fois...» (transcriptions Alexandre Dratwicki)
«Prologue»
Fernand de la Tombelle : Quatuor avec piano: 1. Allegro
«Insouciance»
Charles Silver : La Belle au bois dormant: «Quelle force inconnue en ce jardin m’amène?»
Jacques Offenbach : Barbe-Bleue: «On prend un ange d’innocence»
Laurent de Rillé : Le Petit Poucet: «L’amour? Qu’est-ce donc que l’amour»
Nicolas Isouard : Cendrillon: «Ah quel plaisir! Ah quel beau jour!»
«Mélancolie»
Ernest Chausson : Quatuor avec piano opus 30: 2. Très calme
Gioachino Rossini : L’Italienne à Alger: «Sort cruel»
Pauline Viardot : Cendrillon: «Je viens te rendre à l’espérance»
Frédéric Toulmouche : La Saint-Valentin: «Le flirt! Oh! Passe-temps charmant!»
«Réjouissances»
Déodat de Séverac : Pippermint-Get
Jules Massenet: Cendrillon: «Toi qui m’es apparue»
Florent Schmitt : Hasards, opus 96: 1. «Exorde»
Jacques Offenbach : Le Voyage dans la lune: «Je suis nerveuse, je suis fiévreuse» & «Mon Dieu! Qu’ai-je ressenti là? La pomme c’est bien bon» – La Fille du tambour-major: «Examinez ma figure»

Magali Arnault Stanczak (soprano), Caroline Meng (mezzo-soprano)
I Giardini: Pierre Fouchenneret (violon), Marie Chilemme (alto), Pauline Buet (violoncelle), David Violi (piano)


M. Arnault Stanczak (© StudioLondon)


Si les fêtes de fin d’année riment souvent avec divertissements à plus ou moins grand spectacle, l’abbaye aux Dames de Saintes, creuset d’un des plus stimulants festivals d’été, a fait le choix de l’intimité féerique, avec la complicité du Palazzetto Bru Zane. Dans la continuité de concerts vénitiens, l’incontournable acteur de la mise en valeur d’un romantisme français parfois oublié, sinon méprisé, a ainsi édité le disque des I Giardini, «Il était une fois...», programme conçu autour d’un répertoire lyrique aimanté par le conte à la fin du XIXe siècle, que les musiciens français présentent en version mise en espace sur la scène de l’auditorium de l’abbaye charentaise.


Formé en 2012, le quatuor avec piano I Giardini est devenu, sous la houlette de Pauline Buet et David Violi, un ensemble de musique de chambre à géométrie variable; c’est néanmoins dans sa structure originelle, accompagnée de deux cantatrices, que la formation fait vivre un spicilège adapté aux forces disponibles par les transcriptions d’Alexandre Dratwicki. Plutôt qu’un simple recueil thématique habilement construit, que le résumé de la soirée pourrait suggérer, les interprètes ont privilégié une continuité narrative fluide, au naturel introduisant sans délai le spectateur dans un imaginaire teinté de merveilleux, d’humour et de poésie, que le jeu d’acteurs, avec une efficace économie de moyens, anime remarquablement. L’évidente recherche musicologique, confirmée par des noms rares, tels Isouard ou Toulmouche, nourrit ainsi un album d’émotions pour tous, porté par deux admirables incarnations vocales: avec le seul secours des notes et de l’expressivité théâtrale, Magali Arnault Stanczak détaille le babil délicieusement fruité d’une princesse un rien mutine face au prince campé par Caroline Meng, jusqu’à l’alchimie des timbres et des affects.


Après un Prologue où s’illustre l’instinct germanique de l’Allegro initial du Quatuor avec piano de Fernand de la Tombelle, le premier chapitre, «Insouciance», s’ouvre sur la fraîcheur de l’air d’Aurore, «Quelle force inconnue en ce jardin m’amène», tiré de La Belle au bois dormant de Charles Silver, et dans laquelle se glisse Magali Arnault Stanczak. Après les gaillards couplets de la Reine du Barbe-Bleue d’Offenbach, les deux gosiers se mêlent dans un duo entre Poucet et Aventurine, exhumé du Petit Poucet de Laurent de Rillé, avant la rivalité piquante des deux sœurs de Cendrillon, mais version Nicolas Isouard. Le mouvement lent du Quatuor avec piano de Chausson immerge l’auditeur dans le deuxième épisode, «Mélancolie», dont il condense tout le parfum, soutenu par le sens de l’équilibre et du style des instrumentistes. La plainte, en traduction française, «Sort cruel» de l’Isabelle de L’Italienne à Alger de Rossini passe sans peine, avec Caroline Meng, l’épreuve de la langue, presque autant que celui de la difficultueuse gageure d’un travestissement contraint par les choix dramaturgiques. Le charme de la Fée de la Cendrillon de Pauline Viardot opère, avant le marivaudage exquis des couplets de Maud – La Saint-Valentin de Frédéric Toulmouche. La digitalité de Pippermint-Get de Déodat de Séverac, accompagnée aux cordes, prélude aux «Réjouissances», dernier volet du spectacle. Cendrillon de Massenet fait une apparition, avec un sensible duo du prince et de la jeune femme, «Toi qui m’es apparue», avant un dense «Exorde» de Schmitt et une pétillante conclusion sous le signe d’Offenbach, entre Fille du tambour-major et Voyage dans la lune. La pomme dans laquelle croquent Fantasia et Caprice fait un excellent viatique pour cette soirée de décembre, ingénieusement programmée par l’abbaye aux Dames de Saintes.



Gilles Charlassier

 

 

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