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Les yeux plus gros que le ventre Geneva Victoria Hall 01/12/2017 - et 13 janvier 2017 Johannes Brahms: Akademische Festouvertüre, opus 80 – Variations sur un thème de Haydn, opus 56a
Serge Rachmaninov: Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Edward Elgar: Enigma Variations, opus 36 Simon Trpceski (Piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Vasily Petrenko (direction)
V. Petrenko (© Mark McNulty)
Sur le papier, les programmes avec des variations sont prometteurs, brillants et pleins de fantaisie et de contrastes. Dans la réalité, la difficulté de travailler à fond la grande quantité d’œuvres que représentent toutes les différentes variations rend les exécutions souvent inégales et somme toutes assez frustrantes.
Dans cette optique, il faut simplement oublier de cette soirée les œuvres de Brahms. Les musiciens ont certes les capacités pour les jouer mais ce que l’on entend manque d’assurance. Il y a quelques erreurs de justesse, la mise en place et les équilibres ne sont pas tout à fait là. Les cordes manquent singulièrement de chaleur. La consultation des archives de l’orchestre montre que ces pièces n’ont pas été programmées depuis dix ans. Il y a dix variations, thème et finale compris et cela représente le travail de deux symphonies.
Les Variations sur un thème de Paganini de Rachmaninov sont, elles, un peu mitigées. Il y a plus de soin mais on ne peut s’empêcher de sentir que chef et soliste se cherchent. Vasily Petrenko privilégie un son riche et dramatique mais il privilégie les cuivres et couvre souvent le piano de Simon Trpceski. Celui-ci a toute la virtuosité que demande cette pièce exigeante. Il n’a peut-être pas la qualité de toucher d’un Igor Levit qui traîne encore dans nos oreilles... mais le thème si connu de la variation Andante cantabile n’est pas sans élégance. A nouveau, il aurait fallu y avoir plus de temps pour que les conceptions puissent s’harmoniser.
En bis, Simon Trpceski convie Stéphane Rieckhoff, violoncelle solo de l’orchestre, pour le mouvement lent de la Sonate de Rachmaninov plein de calme et d’évocation. Voici une initiative sympathique de grande classe qu’on ne peut qu’apprécier.
L’Orchestre de la Suisse Romande et Vasily Petrenko nous donne enfin la mesure de leur talent avec des Variations Enigma de toute beauté. La mise en place et le niveau instrumental sont d’un tout autre niveau. Les tuttis sont bien plus construits, ce qui permet aux musiciens de faire ressortir les personnalités des différentes variations, croquées en musique par Elgar : le thème a de l’amplitude, «Nimrod» a une réelle grandeur, «Dorabella» est espiègle à souhait, les solos à l’alto et au violoncelle sont expressifs, la «Romance» qui précède le superbe «Finale» a des couleurs d’automne.
Ce sont dans de telles conditions que l’on souhaite entendre cet orchestre et un tel chef. Mais une Ouverture, 24 plus 10 plus 14 soit 48 variations, c’est un défi impossible à relever même pour de tels musiciens.
Antoine Lévy-Leboyer
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